Annonce

dimanche, octobre 08, 2017

Un vent nouveau sur le changement climatique

Un météorologue remet les pendules à l’heure dans son deuxième ouvrage

PHOTO CHANTAL POIRIER
Gilles Brien

Gilles Brien est l’un des rares experts en biométéorologie au Québec. Sur la photo, il tient son nouvel ouvrage, Ce qu’on ne vous dit pas sur le changement climatique, publié aux Éditions de l'Homme. Le livre est en vente depuis mercredi dernier en librairie.

MISE à JOUR 
Quatre ouragans dans l’Atlantique, deux séismes au Mexique et une canicule historique au Québec, le tout en quelques semaines. Alors que la nature se déchaîne, le météorologue Gilles Brien fait le point sur le changement climatique dans un nouveau livre.
En librairie depuis mercredi dernier, l’ouvrage intitulé Ce qu’on ne vous dit pas sur le changement climatique aborde la question avec lucidité en démêlant le vrai du faux.
« Le changement climatique est devenu une religion, lance Gilles Brien. Ce n’est plus approché comme une science, c’est maintenant quelque chose auquel on croit ou on ne croit pas. Avec ce livre-là, j’ai voulu mettre de côté les exagérations et revenir aux faits. »
Celui qui a été météorologue à Environnement Canada pendant 33 ans a dressé un bilan des dernières recherches pour répondre aux questions les plus répandues sur le changement climatique, de façon vulgarisée.
Il tenait également à éviter les discours alarmistes, qui, selon lui, ne servent à rien sauf à apeurer la population.
« Je voulais faire comprendre aux gens préoccupés par le changement climatique que l’avenir n’est pas si noir que ça, mais qu’il faut quand même faire quelque chose », mentionne M. Brien.
Plus de désastres ?
Lorsqu’on parcourt le second livre de Gilles Brien, on rencontre en effet certaines affirmations rassurantes. Par exemple, les trous de la couche d’ozone se résorbent et le réchauffement planétaire a ralenti depuis 1998.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le nombre de désastres météorologiques n’est pas non plus en augmentation. Cela pourrait toutefois changer si la température de la Terre continue d’augmenter.
D’autres faits relevés par l’ex-président de l’Association professionnelle des météorologistes du Québec sont inquiétants. Les hausses prévues du niveau de la mer ont été sous-estimées, l’Antarctique se réchauffe et le pergélisol abrite de dangereux virus qui risquent de ressurgir.
Il ne faut donc certainement pas garder les bras croisés devant la menace que représente le changement climatique.
Pas trop tard
« On n’a pas le choix d’agir, parce qu’il n’y aura plus de pétrole dans 30 ou 40 ans, de charbon dans 90 ans et d’uranium dans 95 ans, indique le collaborateur du Journal. S’il est un peu trop tard pour espérer stopper le changement climatique, il n’est pas trop tard pour l’atténuer et s’y adapter. »
Pour ce faire, Gilles Brien considère qu’il ne faut pas uniquement s’appuyer sur la technologie moderne.
« Les gens se rassurent parfois en se disant que des technologies vont nous sauver. Mais tout ce que ça fait, c’est nous convaincre qu’on n’a pas besoin de changer nos habitudes, alors que c’est là-dessus qu’il faut se concentrer », conclut-il.

EXTRAITS DU LIVRE

Oui, c’est notre faute !
« Près de 44 % des Canadiens – contre 53 % des Québécois – croient que “la planète se réchauffe surtout en raison de l’activité humaine”. [...] Pourtant, le consensus scientifique est clair : l’activité humaine est la cause dominante du réchauffement climatique. Aucun autre facteur ne peut expliquer la hausse de la température mondiale. »
Des villes submergées
« La hausse de 4 à 6 °C de la température mondiale dans les prochaines décennies se traduira par une montée du niveau de la mer qui pourrait atteindre 9 m dans certaines parties du monde. Une hausse pareille submergerait des villes où vivent actuellement 600 millions de personnes, selon l’ONU. »
La pollution avant tout
« Oui, le changement climatique est une grave menace pour la planète. Mais il est faux d’affirmer que c’est le problème mondial le plus pressant. Le plus grave problème qui menace l’humanité aujourd’hui est la pollution atmosphérique ; 7,3 millions de personnes en meurent chaque année [...]. C’est dix fois plus de victimes que n’en font chaque année tous les ouragans, tornades et inondations réunis. »

Les menaces creuses de Donald Trump


AFP
Donald Trump

Après une semaine difficile, Donald Trump est revenu à ses vieilles habitudes de détourner l’attention en proférant des menaces à tout vent. Mais les menaces de Donald Trump sont plus souvent qu’autrement creuses et, dans certains cas, il joue avec le feu.
Jeudi, lors d’une rencontre avec ses principaux conseillers militaires, le président Trump déclenchait une mini-tempête à Washington en déclarant, sourire aux lèvres, qu’on se trouve dans le calme avant la tempête. Quelle tempête? « Vous verrez », a-t-il souligné, sans préciser à quoi il faisait référence au juste. Peut-être s’agit-il de la Corée du Nord, dont il disait ce matin sur Twitter qu’à ses yeux, il n’y a qu’une seule solution pour le problème qu’elle représente. Quelle solution? Encore une fois, silence radio.
Jeudi, c'était le "calme avant la tempête". Quelle tempête? "Vous verrez," a répondu Trump. On attend encore...
 Ce genre de menaces non spécifiques ne représente rien de nouveau pour Donald Trump. En fait, son discours en est littéralement truffé depuis son entrée en politique et avant. Les négociateurs commerciaux canadiens en savent quelque chose, eux qui doivent faire leur travail sous la menace d’un retrait des États-Unis de l’ALÉNA proférée à maintes reprises par le président, même s’ils savent pertinemment que les États-Unis n’ont aucun intérêt à jeter cet accord et que leurs vis-à-vis à la table de négociation le savent très bien.
Un bluffeur qui a rarement du jeu
Que faut-il faire de ces menaces de Donald Trump, qu’il nous sert treize à la douzaine depuis son entrée en politique? Pas grand-chose. En fait, Trump aime à se présenter comme un bluffeur, mais il est rarement très convaincant. Il suffit de rappeler quelques-unes de ses plus remarquables menaces passées qui se sont avérées toutes plus vides les unes que les autres.
Quand Donald Trump était dans les affaires, il menaçait constamment de poursuivre ceux qui entravaient ses visées, mais il passait très rarement aux actes. Il répète depuis toujours à qui veut l’entendre qu’il ne règle jamais ses litiges hors cour, mais il l’a fait au moins une centaine de fois, notamment dans le cas de la Trump University, où il a réglé pour 25 millions de dollars une poursuite de 40 millions. On se souviendra du temps où il faisait campagne pour l’idée saugrenue selon laquelle Barack Obama était né au Kenya. Il avait maintes fois menacé de dévoiler des faits irréfutables que ses enquêteurs avaient déterrés, mais il était assez clair que ces « faits » étaient purement fictifs. Pendant sa campagne électorale, il avait ouvertement menacé d’accuser formellement la Chine de manipuler sa devise, ce qu’il n’a pas fait. Il a aussi menacé de reconnaître Taïwan, mais il a cessé d’en parler peu après. Dans la controverse autour du congédiement de James Comey, il avait menacé de publier des enregistrements qui viendraient appuyer sa version de faits. Ces enregistrements n’ont jamais fait surface. Dans le cadre de votes serrés au Congrès, il a menacé certains législateurs de les désavouer s’ils votaient contre lui, mais après le vote défavorable, Trump passait l’éponge comme si de rien n’était.
Les salves rhétoriques ignorées
Face à la Corée du Nord, Trump répète depuis le tout début les mêmes menaces exagérées contre des gestes indéterminés. À chaque fois, le régime de Kim Jong-un fait comme s’il n’avait rien dit et les menaces sont rapidement oubliées. Même chose pour les menaces proférées à l’endroit des partenaires économiques de la Corée du Nord, qui sont toutes demeurées sans suite. Pour la plupart des spécialistes de ces questions, il est clair que de telles menaces démesurées reposant sur des actions vagues n’aident en rien à contenir les ambitions nucléaires du petit dictateur.
Heureusement, il semble pour le moment que les responsables militaires et diplomatiques conservent un certain contrôle de la situation du côté américain, pendant que les Nord-Coréens semblent avoir tout simplement décidé d’ignorer les salves rhétoriques du président. Même si Trump semble dire que la seule solution à ce conflit est une confrontation militaire totale, ce serait loin d’être une solution et il faudra bien un jour en venir à une entente négociée pour éviter la catastrophe.
Jouer avec le feu
Il est aussi possible que la promesse de tempête de Trump signale son intention arrêtée de mettre fin à l’entente nucléaire avec l’Iran, qu’il présente encore comme la pire entente négociée dans toute l’histoire des États-Unis. Ce qu’il ne dit pas est que cette entente a aussi été ratifiée par tous les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies et que les perspectives de sanctions efficaces dans l’hypothèse où le gouvernement américain ferait cavalier seul contre l’Iran sont plutôt minces. Ce qu’il cherche à gagner en augmentant la pression sur ce dossier n’est pas du tout clair, car de l’avis unanime de toutes les autres parties à l’entente, celle-ci remplit pour le moment assez bien ses promesses. Peut-être cherche-t-il à extirper une concession de l’Iran qui lui permettrait de présenter cette nouvelle entente, qui porterait son nom, comme le « deal » du siècle. C’est ce qu’on verra.
De toute évidence, comme dans le cas de la loi sur la santé que Trump n’arrive toujours pas à faire abroger, l’accord nucléaire avec l’Iran est un gros morceau de l’héritage politique de Barack Obama, qui a coupé court aux ambitions d’armement nucléaire de l’Iran. Toutefois, contrairement aux décrets qu’il peut facilement démanteler d’un coup de plume, ce genre d’entente serait extrêmement difficile à renégocier et les conséquences d’un retrait unilatéral des États-Unis seraient incalculables. Encore une fois, Trump s’imagine peut-être que son bluff lui permettra de gagner, mais rien n’est moins sûr. Ce qui est clair depuis les tout débuts est qu’il n’a qu’une très vague idée du contenu de l’accord avec l’Iran et des détails de son fonctionnement. Il joue avec le feu mais il se semble pas se rendre compte qu’il pourrait bien être assis sur un baril de poudre.
* * *
Pierre Martin est professeur de science politique à l’Université de Montréal et directeur de la Chaire d’études politiques et économiques américaines au CÉRIUM. On peut le suivre sur Twitter: @PMartin_UdeM

Québec lance sa campagne de prévention sur le cannabis

VÉRONIQUE PRINCE
Dimanche, 8 octobre 2017 17:39
MISE à JOUR 
cannabis
À moins d’un an de la légalisation du cannabis, le gouvernement Couillard n’a pas encore déterminé les paramètres de la vente et de la possession ni l’âge de la consommation, mais est prêt à lancer sa campagne de prévention.
Dès cette semaine, vous verrez sur vos écrans une publicité gouvernementale d’environ une minute, obtenue en primeur par TVA Nouvelles, dont l’objectif est de faire connaître les dérivés de cette drogue, ses composantes, de même que ses effets physiques et psychologiques.  
Quatre capsules ont été préparées en quelques semaines avec un budget modeste d’environ 30 000$, afin de pouvoir démarrer sans attendre la campagne de sensibilisation.
La ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois, a décidé de lancer immédiatement l’offensive publicitaire, même si elle n’a toujours pas déposé sa loi-cadre et que son budget pour la prévention est encore indéterminé. Le délai avant la légalisation est déjà trop court.
«Je pense qu’on doit commencer maintenant et on va devoir intensifier plus tard pendant l’hiver. On commence à sensibiliser la population sur ce qu’est le cannabis, c’est composé de quoi et quel chemin est prévu pour la légalisation», a expliqué la ministre.
«La consommation de cannabis affecte le traitement de l’information et comporte des risques pour la santé physique et mentale», peut-on entendre dans la publicité.
La capsule vidéo se veut pédagogique. Bien qu’elle semble destinée à des jeunes, elle vise un large public.
Le gouvernement tient pour acquis que les gens ne sont pas tous bien informés sur les effets de cette drogue pourtant bien connue. La ministre Charlebois et son collègue de la Santé, Gaétan Barrette, se défendent d’infantiliser la population.
«Les gens n’en sont pas tous conscients. Je ne suis pas certaine que c’est si connu que ça. On a eu du succès avec la réduction du tabagisme parce qu’on a donné de l’information. C’est de la drogue. Comment ça peut affecter l’être humain? On ne veut pas dramatiser. On veut juste informer les gens et c’est un début», a affirmé Mme Charlebois.
«Est-il infantilisant de faire des campagnes contre le tabagisme? Est-il infantilisant de faire des campagnes de l’alcool au volant? Ce sont des choses qui sont très bien comprises de la population, mais on doit le faire quand même pour entretenir cet état d’esprit de meilleures habitudes de vie», a renchéri Gaétan Barrette.
Lucie Charlebois affirme qu’elle fait déjà des représentations auprès de son collègue aux Finances pour qu’il autorise un montant d’au moins un million de dollars afin de préparer une campagne de prévention plus vaste. Elle s’attend à des coûts importants pour ce volet.
«Il va falloir aussi former nos travailleurs, les gens qui vendent du cannabis, les médecins, les policiers, les infirmières, etc. Je tiens à ce que les gens sachent que ce n’est pas un produit banal, bien qu’il sera légalisé», a-t-elle dit.