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vendredi, février 10, 2017

L'Iran fête sa révolution, dénonce les «menaces» de Trump

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Publié le 10 février 2017 à 06h21 | Mis à jour à 06h30

SIAVOSH GHAZISTÉPHANE BARBIER
Agence France-Presse
TÉHÉRAN
Aux cris de « Mort aux États-Unis », des millions d'Iraniens sont descendus vendredi dans les rues pour marquer le 38e anniversaire de la révolution islamique, l'occasion de dénoncer la politique anti-iranienne du président Donald Trump.
« Il faut parler au peuple iranien avec respect. Quiconque utilise le langage de la menace, le peuple iranien le lui fera regretter », a déclaré le président Hassan Rohani devant des centaines de milliers de personnes rassemblées place Azadi à Téhéran.
D'immenses défilés rassemblant des millions de personnes ont également eu lieu dans la plupart des villes iraniennes, selon les images de la télévision publique Irib.
« Les manifestations avec des millions d'Iraniens montrent la puissance de l'Iran islamique », a ajouté le président Rohani. Selon lui, il s'agit d'une « réponse aux propos mensongers des nouveaux dirigeants de la Maison-Blanche ».
« Ceux qui menacent notre gouvernement, nos forces armées, doivent savoir que notre peuple est uni et résistera jusqu'au bout face aux ennemis », a-t-il affirmé.
Un manifestant tient une pancarte où sont apposées... (PHOTO ATTA KENARE, AFP)
Un manifestant tient une pancarte où sont apposées des photos du président américain Donald Trump, du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et de la première ministre britannique Theresa May, le 10 février à Téhéran.
PHOTO ATTA KENARE, AFP
Les manifestants portaient des pancartes « Mort aux États-Unis » et piétinaient aussi de grands drapeaux américains en brandissant des photos de M. Trump, du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et de la première ministre britannique Theresa May. « Les Iraniens ne craignent pas les menaces », pouvait-on lire sur ces photos.
Ils brandissaient aussi des photos de l'ayatollah Ali Khamenei, le guide suprême, qui avait appelé mardi les Iraniens à « répondre » aux menaces du président Trump en défilant vendredi pour célébrer la victoire de la révolution islamique, qui a renversé en 1979 le régime du Shah d'Iran, allié des États-Unis.
Shahin Sadeghi, jeune étudiant d'une trentaine d'années, présent au défilé de Téhéran, a averti les dirigeants américains : « Ne vous mêlez pas des affaires de l'Iran. Nous sommes fidèles aux principes de notre révolution islamique et nous la défendrons jusqu'à la dernière goutte de notre sang ».
« Vive le peuple » américain
Les deux pays n'ont pas de relations diplomatiques depuis 1980, quelques mois après la révolution et l'invasion de l'ambassade américaine par des étudiants islamiques.
« La présence de la population est un message à Trump : s'il commet une erreur, le peuple le lui fera regretter », a déclaré le député réformateur Mostapha Kavakebian, présent au défilé de Téhéran.
Ghassem Soleimani, chef des opérations extérieures des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite iranienne, était également présent dans la foule.
Des manifestants ont toutefois tenu à montrer leur gratitude envers de nombreux Américains qui se sont mobilisés contre un décret de Donald Trump interdisant l'entrée aux États-Unis des ressortissants de sept pays à majorité musulmane, dont l'Iran. Le décret est actuellement bloqué au grand dam du président américain.
« À bas le régime, vive le peuple » américain, pouvait-on lire sur des pancartes.
Le chef de file des réformateurs, l'ex-président Mohammad Khatami (1997-2005), pourtant soumis à des restrictions à sa liberté par le pouvoir, avait appelé les Iraniens à participer massivement aux défilés « pour neutraliser les complots ».
« Face à n'importe quelle menace contre le régime, l'intégrité territoriale et les intérêts nationaux, nous n'hésiterons pas un instant à résister », a-il dit, appelant à la « réconciliation nationale ».
Réciprocité
Depuis l'investiture de M. Trump le 20 janvier, le ton n'a cessé de monter entre Washington et Téhéran.
L'annonce il y a une semaine des nouvelles sanctions américaines, liées à un tir de missiles balistiques par l'Iran, a entraîné la riposte immédiate de Téhéran qui a annoncé des mesures de réciprocité visant « des individus et des entreprises américaines » soutenant des groupes « terroristes ».
Cette réciprocité à l'encontre de citoyens américains avait déjà été appliquée après la décision par Washington d'interdire l'entrée aux États-Unis des ressortissants musulmans. Une mesure « insultante » et « honteuse », selon Téhéran.
M. Trump a multiplié sur son compte Twitter les petites phrases incendiaires contre l'Iran, accusant notamment ce pays de « jouer avec le feu ».
Dans une tentative d'apaiser les tensions, le président Rohani a assuré jeudi que la puissance militaire de l'Iran était « uniquement défensive ».
En revanche, l'Iran exclut de renoncer à ce qu'il estime être son droit souverain de tester des missiles portant des armes « conventionnelles » et non-nucléaires, uniquement destinées à la défense de son territoire face à ses « ennemis ».
Si M. Trump a mis à exécution ses menaces de durcir la position américaine envers Téhéran, il n'a pour l'instant pas fait dérailler l'accord international sur le nucléaire iranien scellé en 2015 par son prédécesseur Barack Obama et qu'il a vertement dénoncé.

Québec prépare un «réinvestissement» dans les universités

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EXCLUSIF
Publié le 10 février 2017 à 05h00 | Mis à jour à 05h00

TOMMY CHOUINARD 
La Presse
(Québec) Cinq ans après le printemps érable, Québec va finalement réinvestir dans les universités, qui n'ont jamais vu l'ombre des millions promis à l'époque.
« Le thème principal du budget, ça va être l'enseignement supérieur, la formation et la main-d'oeuvre », a révélé le ministre des Finances, Carlos Leitão, lors d'un entretien avec La Presse plus tôt cette semaine.
Par « enseignement supérieur », il entend autant les universités que les cégeps. Il y a longtemps qu'un gouvernement a placé ce secteur au coeur d'un budget.
La priorité accordée à la formation et à la main-d'oeuvre est moins surprenante : le budget sera sûrement l'occasion de concrétiser les engagements que prendra le premier ministre Philippe Couillard lors de son Rendez-vous national sur la main-d'oeuvre, les 16 et 17 février.
Carlos Leitão s'exprime avec la prudence de rigueur avant le dépôt d'un budget, attendu en mars. Mais son signal est clair. Il parle bien d'un « réinvestissement » dans les universités. « De quel ordre ? Il faut attendre », a-t-il affirmé. « On va faire ce qu'on peut avec les moyens que l'on a. » Les nouvelles sont plutôt bonnes de ce côté : le gouvernement affichait un surplus de 1,2 milliard au 31 octobre dernier.
Lors de la mise à jour financière de l'automne, le gouvernement avait annoncé des investissements supplémentaires de 110 millions pour l'éducation (primaire et secondaire) et pour l'enseignement supérieur au cours de la prochaine année financière, donc 2017-2018. Cette somme sera revue à la hausse avec le dépôt du budget, a confirmé M. Leitão, refusant de donner plus de détails pour le moment.
« Le thème principal du budget, ça va être... (Photo HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE)
« Le thème principal du budget, ça va être l'enseignement supérieur, la formation et la main-d'oeuvre », a révélé le ministre des Finances, Carlos Leitão, lors d'un entretien avec La Presse.PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE
Rencontre avec les recteurs
Il a rencontré les recteurs le 20 décembre dernier afin de discuter « très franchement » d'un réinvestissement et de lui permettre d'alimenter sa « réflexion ». C'est la première fois depuis une décennie qu'un ministre rencontre les dirigeants universitaires dans le cadre de la préparation du budget, selon plusieurs sources. Hélène David, ministre de l'Enseignement supérieur, était présente.
Aucun recteur contacté par La Presse n'a voulu commenter cette rencontre ni la promesse de réinvestissement. Le directeur de HEC Montréal, Michel Patry, s'est contenté d'envoyer un bref courriel. «La rencontre avait pour objectifs de sensibiliser le ministre des Finances aux défis et enjeux du milieu universitaire et de partager notre vision d'avenir du réseau», a écrit M. Patry, qui est également président du Bureau de coopération interuniversitaire, l'organisme qui regroupe les recteurs.
« Le ministre Leitão a été attentif et à l'écoute des points portés à son attention», souligne M. Patry.
Les dirigeants universitaires savent d'expérience qu'une certaine retenue est de mise. Car les gouvernements précédents, libéral comme péquiste, leur ont fait miroiter un réinvestissement massif qui ne s'est jamais concrétisé.
Si le financement des universités faisait partie des enjeux de la crise étudiante de 2012, il est retombé dans l'oubli une fois réglé le dossier des droits de scolarité. La lutte contre le déficit zéro a tenu le haut du pavé par la suite.
Résultat : la subvention aux universités s'élève à 2,83 milliards cette année, comparativement à 2,70 milliards il y a cinq ans. Cela représente une hausse moyenne d'un peu moins de 1 % par année. Elle n'a pas permis de couvrir la croissance des coûts liés aux salaires ou encore à l'augmentation du nombre d'étudiants. Des compressions ont été imposées.
Les cégeps ont eu droit au même traitement. Leur subvention est passée de 1,7 à 1,8 milliard au cours des cinq dernières années.
Sous-financement
Les universités se plaignent depuis longtemps d'un sous-financement par rapport aux autres institutions similaires du reste du Canada. Elles le chiffraient à 850 millions en 2013. Le fossé s'est creusé depuis. Les recteurs l'évaluent maintenant à 1 milliard, ou 4000 $ par étudiant à temps plein.
L'économiste Pierre Fortin avait toutefois remis en question leur méthode de calcul avec une étude dévoilée en 2013. En tenant compte du coût de la vie plus faible au Québec, le sous-financement serait plutôt de 300 millions, disait-il à l'époque. Un chiffre qui a dû, lui aussi, augmenter avec le temps