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jeudi, mars 16, 2017

Morts piégés par la neige

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Publié le 15 mars 2017 à 12h55 | Mis à jour le 16 mars 2017 à 06h32
Tout a été tenté pour sauver Michaël Fiset... (PHOTO FOURNIE PAR LA SÛRETÉ DU QUÉBEC)
Tout a été tenté pour sauver Michaël Fiset et Pierre Thibault, qui ont été retrouvés sans vie mercredi matin dans leur auto à Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud, a assuré la Sûreté du Québec.
PHOTO FOURNIE PAR LA SÛRETÉ DU QUÉBEC
Deux employés d'une entreprise de transport de Montmagny sont morts mardi soir dans leur auto après avoir lancé un appel aux secours, piégés dans la neige en pleine tempête en tentant de rentrer chez eux.
La police a tenté de les atteindre par la route, en motoneige et même en rampant : tout a été tenté pour les sauver, a assuré la Sûreté du Québec (SQ), en vain.
Michaël Fiset et Pierre Thibault ont été retrouvés sans vie mercredi matin vers 8h à Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud, dans Chaudière-Appalaches, après qu'une pelle mécanique a pu se frayer un chemin jusqu'à la voiture. L'habitacle du véhicule était froid, selon nos informations, mais seule l'autopsie pourra déterminer s'ils sont morts d'hypothermie ou d'une intoxication au monoxyde de carbone.
«Un appel est entré au 911 à 23h30 comme quoi deux hommes étaient enlisés dans la neige et que l'un d'eux faisait une crise d'asthme», a expliqué la lieutenante Martine Asselin de la SQ. 
«C'était impraticable tant pour les policiers en voiture que pour les ambulanciers, alors on a envoyé nos motoneigistes. Eux aussi se sont enlisés.»
La suite relève d'un film qui finira de façon dramatique : «On avait un point de géolocalisation avec l'appel au 911, alors les patrouilleurs ont rampé dans la neige pour tenter de trouver le véhicule, a continué Mme Asselin. Ils n'ont pas été en mesure de retrouver le véhicule et ont dû se réfugier dans une résidence en raison des conditions climatiques extrêmes.»
Sous la neige, la voiture dans laquelle Michaël Fiset... (PHOTO FOURNIE PAR LA SÛRETÉ DU QUÉBEC) - image 2.0
Sous la neige, la voiture dans laquelle Michaël Fiset et Pierre Thibault ont été retrouvés sans vie
PHOTO FOURNIE PAR LA SÛRETÉ DU QUÉBEC
Départ hâtif
Les deux victimes avaient quitté leur lieu de travail, Transport Gilmyr, vers 21h30, quelques heures avant la fin prévue de leur quart de travail. «Je l'ai vu sur les caméras», a affirmé Marcus Deschênes, directeur des opérations. «Il y en a un qui a une petite auto et l'autre un pick-up», alors «peut-être» ont-ils décidé de voyager ensemble. «Pierre fait de l'asthme», a-t-il ajouté.
À ce moment, «c'était l'apocalypse» dans ce secteur en bordure du fleuve, a dit le chef pompier de Montmagny, Pierre Boucher. «J'ai 51 ans à la fin du mois et c'était ma pire [tempête] à vie. On avait des précipitations très abondantes, avec des pointes de vent très très élevées et une visibilité nulle.» 
«Nous, on n'a pas pu se rendre», jusqu'à la voiture, a-t-il ajouté.
C'est le fils du propriétaire de Gilmyr qui a réussi à atteindre la voiture transformée en tombeau, ce matin, avec de la machinerie lourde. Les employés des Ambulances Radisson n'ont eu le chemin libre qu'à 15h30, a rapporté le chef aux opérations Martin Rousseau. La mort des deux hommes ne faisait aucun doute.
Leur voiture a été retrouvée à seulement cinq kilomètres des installations de Transport Gilmyr, non loin de l'A20.
Trois automobiles abritant des personnes toujours vivantes ont été localisées pendant les recherches pour atteindre les deux hommes.
Un mort, 18 heures de paralysie
Un carambolage impliquant plusieurs poids lourds près de la frontière ontarienne s'est transformé en brasier violent, mardi soir, tuant un camionneur et faisant des naufragés de la tempête paralysés pendant des heures en bordure de l'A20.
L'accident initial est survenu vers 15 h. «Dix poids lourds et quelques véhicules de promenade ont été impliqués, a indiqué Joyce Kemp, de la SQ. Suite à ces collisions, cinq des poids lourds ont pris feu, ainsi qu'un véhicule. Il y a une personne qui est décédée, un conducteur ou une conductrice de poids lourd.»
Derrière le carambolage, des routiers ont été abandonnés à leur sort dans leurs véhicules pendant 18 heures.
«Tout le monde est arrêté pas mal raide. Je me suis tassé et je me suis laissé aller dans le fossé », a rapporté Guy Vaillant, un camionneur qui travaille pour l'entreprise Sika. «Je suis sorti à 11h ce matin.»
M. Vaillant relate avoir vu les flammes qui consumaient certains des camions impliqués dans le carambolage. «Quand les pneus commencent à brûler, ça fait des explosions», a-t-il continué.
Son confrère camionneur Luke Harrington a aussi décrit les flammes qui avalaient les poids lourds.
Tous deux s'étonnent de l'absence de ravitaillement pendant ces longues heures d'attente. 
«Personne ne nous disait rien. Je n'avais qu'une bouteille d'eau, pas de nourriture. Et personne n'est venu nous voir pour savoir si on allait bien», affirme M. Harrington.
M. Vaillant, lui, a accueilli dans son habitacle un automobiliste qui était sur le point de manquer d'essence - et donc de chauffage.
Un autre carambolage a eu lieu de façon quasi simultanée quelques kilomètres plus loin. Un camion-citerne rempli d'une substance chimique apparentée au chlore a perdu son chargement lors de cet accident, qui n'a pas fait de blessés dont la vie est en jeu.
Deux autres morts
Deux autres personnes sont mortes au Québec en raison des conditions météo catastrophiques des derniers jours.
La tempête a tué un automobiliste mardi vers 15h05 à Saint-Wenceslas, dans le Centre-du-Québec : il a fait une sortie de route sur l'A55. «Il a heurté un pilier de viaduc. Il était seul à bord», a indiqué le porte-parole Stéphane Tremblay. La victime était âgée de 53 ans et habitait Maskinongé.
Puis, à 6h mercredi matin à Saint-Anselme, non loin de Lévis, un piéton a été happé par une déneigeuse. «L'homme est mort sur le coup», a indiqué Ann Mathieu, porte-parole régionale de la Sûreté du Québec (SQ).

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