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mardi, février 07, 2017

Nomination de la controversée ministre de l'Éducation: Mike Pence tranche en faveur

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Publié le 07 février 2017 à 12h41 | Mis à jour à 14h14

Agence France-Presse
Washington
Elle est la plus controversée des ministres du président américain Donald Trump. La milliardaire républicaine Betsy DeVos, confirmée mardi à la tête de l'Éducation lors d'un vote très serré au Sénat, a consacré sa récente carrière à la cause de la privatisation de l'éducation.
Sa nomination par Donald Trump a suscité tant de rejet du monde éducatif et syndical qu'il a fallu que le vice-président des États-Unis, Mike Pence, se déplace au Capitole pour voter en personne, comme la Constitution le lui permet en cas d'égalité, ce qui était le cas avec 50 voix pour et 50 voix contre. Deux des 52 républicains se sont joints aux 48 démocrates pour tenter de recaler Mme DeVos.
«Le vote d'aujourd'hui aidera chaque enfant à avoir une chance d'obtenir la meilleure éducation possible», a déclaré Mike Pence.
La dernière fois que le Sénat a rejeté une nomination date de 1989, une infamie à laquelle la républicaine a échappé à une voix près.
«Elle est la moins qualifiée dans un gouvernement historiquement peu qualifié», a accusé le chef du groupe démocrate, Chuck Schumer.
Donald Trump et Betsy DeVos... (Photo Carolyn Kaster, ARCHIVES Associated Press)
Donald Trump et Betsy DeVos
PHOTO CAROLYN KASTER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
Un mouvement national de contestation était monté dans le pays ces dernières semaines, inondant les sénateurs de courriers et coups de téléphone.
Pendant 24 heures, les sénateurs démocrates se sont succédé dans l'hémicycle, y compris la nuit dernière, afin de dénoncer la ministre qualifiée tour à tour d'incompétente et d'ennemie de l'éducation publique.
À l'inverse, ses partisans soutiennent que l'arrivée de cette «outsider» représente la meilleure chance de réforme d'un système éducatif déficient, en retard sur d'autres pays développés.
«Les sénateurs protestent pour garder le statu quo», a écrit Donald Trump sur Twitter. «Betsy DeVos est une réformiste, elle fera une grande ministre de l'Éducation pour nos enfants!»
Donatrice républicaine
La républicaine est l'épouse du milliardaire Dick DeVos, dont le père fonda en 1959 Amway, société de vente directe devenue multinationale. Le père de Betsy DeVos, Edgar Prince, a fondé l'organisation conservatrice et religieuse Family Research Council en 1983.
Fervent protestant, le couple DeVos est politiquement très influent dans leur État du Michigan, près des Grands Lacs. Le mari fut candidat malheureux à l'élection pour le poste de gouverneur en 2006. Le couple est ensuite devenu le plus grand mécène du parti républicain dans le Michigan, finançant quantité de candidats et poussant en même temps leur projet de réforme scolaire. Elle-même présida l'antenne locale du parti.
Le Michigan est un laboratoire pour la création de «charter schools», ces écoles privées financées en partie par des fonds publics. Elles offrent aux élèves, selon ses promoteurs, un «choix» alternatif aux écoles publiques qui sont dans la ligne de mire des conservateurs en raison de l'influence des syndicats et de l'impossibilité de licencier les enseignants considérés comme mauvais.
Au niveau national, Betsy DeVos a fondé en 2010 l'American Federation for Children dans le but d'accompagner ce mouvement.
Armes et grizzlis
Lors d'un grand oral difficile le 17 janvier, la candidate avait refusé de clairement s'engager à ne pas réduire le budget de l'éducation.
«Toutes les écoles ne servent pas les élèves qui y sont assignés», a-t-elle dit, martelant qu'elle souhaitait donner un «choix» aux parents, un euphémisme désignant les écoles privées et religieuses.
Mme DeVos soutient également le mouvement pour l'éducation à domicile, préférée par de nombreux conservateurs chrétiens à l'éducation laïque.
Ses détracteurs l'ont inlassablement interrogée pour la prendre en défaut, avec un certain succès.
Aux États-Unis, le ministère de l'Éducation est moins fort que dans des pays centralisés comme la France. L'éducation est du ressort des États et des villes, tant pour les programmes que pour l'embauche des enseignants.
Mais le secrétaire à l'Éducation supervise un budget annuel de 68 milliards de dollars et est garant de l'application des lois fédérales.