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mardi, février 07, 2017

Laïcité: Couillard reçoit froidement un appel de l'opposition

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Publié le 07 février 2017 à 17h16 | Mis à jour à 17h16

ALEXANDRE ROBILLARD
Agence France-Presse
QUÉBEC
Le premier ministre Philippe Couillard est demeuré sur ses positions, mardi, après un appel des partis de l'opposition à aller plus loin avec l'interdiction des signes religieux dans la fonction publique.
M. Couillard a déclaré dans un point de presse que l'enjeu du port de ces symboles est un phénomène inexistant dans le cas des fonctionnaires qui disposent d'un pouvoir de coercition.
«On est encore une fois en train de mettre sur la table un débat pour un enjeu inexistant, a-t-il dit. Je l'avais dit il y a quelques années: à ce que je sache, il n'y a pas de policier qui porte de signes religieux au Québec. Il n'y en a pas plus aujourd'hui. On est en train d'entreprendre un débat sur un enjeu qui est plus qu'hypothétique, qui est inexistant.»
Selon le premier ministre, l'attentat qui a fait six morts dans une mosquée de Québec, la semaine dernière, ne doit pas faire dévier le débat vers la place de la laïcité dans les services publics.
«Le problème d'horreur qu'on a vécu au Québec, la semaine dernière, c'est le racisme et la xénophobie poussés à la violence extrême, a-t-il dit. C'est ça l'enjeu. Il ne faut pas le retourner et voir qu'on va régler le problème en restreignant les droits de certaines personnes dans la société.»
Le premier ministre Philippe Couillard a affirmé qu'il... (Photo Jacques Boissinot, La Presse canadienne)
Le premier ministre Philippe Couillard a affirmé qu'il sera possible pour l'opposition de discuter de la laïcité dans les services publics lors de la commission parlementaire qui étudiera le projet de loi 62.
PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE
M. Couillard a tout de même affirmé qu'il sera possible pour l'opposition de discuter de ses propositions lors de la commission parlementaire qui étudie le projet de loi 62, proposant l'obligation du visage découvert dans les services publics.
«On aura des arguments importants, mais je pense que personne ne s'attend à ce qu'on mette nos principes de côté ou qu'on marchande nos principes», a-t-il dit.
Propositions de l'opposition
Mardi, la Coalition avenir Québec (CAQ) et le Parti québécois (PQ) ont proposé aux libéraux d'aller plus loin, avec le projet de loi 62, en interdisant aux fonctionnaires qui disposent d'un pouvoir de coercition de porter des signes religieux.
Avant la première période des questions depuis l'attentat d'il y a 10 jours, le chef caquiste François Legault a déclaré qu'en échange, il est prêt à renoncer à étendre cette interdiction aux enseignants.
«Pour faciliter l'adoption du projet de loi sur la neutralité religieuse, la CAQ est prête à faire un compromis et à exclure les enseignants de la liste des interdictions, a-t-il dit. Je vous le dis, c'est pour faire un compromis, ça restera dans le programme, par contre, de la CAQ, pour l'élection générale l'année prochaine.»
Dans un point de presse, M. Legault a demandé aux libéraux de faire eux aussi un compromis en appliquant la recommandation de la commission Bouchard-Taylor, qui propose d'interdire les signes religieux aux juges, policiers et autres fonctionnaires disposant d'un pouvoir de contrainte.
M. Legault a affirmé qu'il s'agissait de sa réponse à la demande de M. Couillard, dans la foulée de l'attentat de Québec, d'adopter rapidement le projet de loi sur la neutralité religieuse.
«C'est une proposition qui fait largement consensus au Québec, c'est une position qui est rassembleuse, dans le contexte actuel, a-t-il dit. Donc, la balle est maintenant dans le camp de Philippe Couillard.»
Le chef péquiste Jean-François Lisée a lui aussi pointé vers une entente possible si le gouvernement se range derrière la proposition de Bouchard-Taylor.
M. Lisée demande également qu'un guide soit élaboré pour encadrer les accommodements raisonnables dans les secteurs de la fonction publique, de l'éducation ou de la santé.
Le chef péquiste souhaite également qu'un amendement attendu du gouvernement vienne resserrer l'obligation du visage découvert pour les personnes qui offrent ou reçoivent des services publics.
«J'espère qu'on va saisir cette chance, j'espère que le premier ministre va saisir le moment, a-t-il dit. L'initiative parlementaire lui appartient, il a la capacité de traduire ce consensus dans un projet de loi, et, s'il le fait, il fera une bonne action pour le Québec, et nous, on est prêts à faire cette bonne action avec lui.»
La ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, a rappelé que le gouvernement n'a jamais indiqué son intention d'aller plus loin que la seule obligation du visage découvert.
«On n'a jamais dit que nous irions de l'avant avec cette recommandation du rapport Bouchard-Tayor», a-t-elle dit.