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mardi, février 28, 2017

Crise au SPVM: l'ex-détective Philippe Paul poursuit le SPVM et Québecor

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Publié le 28 février 2017 à 06h47 | Mis à jour à 06h47
L'ex-sergent-détective Philippe Paul... (Photo La Presse)
L'ex-sergent-détective Philippe Paul
PHOTO LA PRESSE
L'un des retraités du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) au coeur des intrigues qui ont poussé le gouvernement à déclencher deux enquêtes sur la police de Montréal la semaine dernière poursuit l'organisation pour un demi-million, notamment parce qu'elle aurait mis sa vie en danger en permettant que son dossier personnel se retrouve entre les mains d'un criminel.
L'ancien sergent-détective Philippe Paul, qui a fait un passage remarqué à Tout le monde en parle dimanche, a déposé récemment une poursuite en dommages contre le SPVM et Québecor.
L'homme a travaillé 28 ans comme policier à Montréal avant de partir dans la controverse. Dans sa requête à la cour, que La Presse a obtenue au palais de justice, son avocat Stéphane Dakouri explique qu'il était l'enquêteur qui « contrôlait le plus grand nombre d'informateurs au Canada ». Ces informateurs l'aidaient dans ses enquêtes sur le trafic de drogue, la vente d'armes et les complots pour meurtre.
« Le demandeur occupait un emploi très sensible qui mettait sa vie constamment en danger, ainsi toute information le concernant se devait d'être traitée avec la plus grande diligence. » - Me Stéphane Dakouri
DOUTES SUR SES RELATIONS
En janvier 2014, l'ex-policier dit avoir été retiré de son poste et affecté à des tâches administratives en raison de soupçons qui ne lui ont jamais été clairement expliqués.
TVA et le Journal de Montréal avaient alors fait état d'une enquête interne à son sujet et de ses liens présumés avec un « mystérieux homme d'affaires canado-iranien ». La Presse et d'autres médias avaient aussi publié des informations sur l'enquête interne à ce stade, mais sans identifier précisément le policier visé.
En avril 2014, Philippe Paul était suspendu sans solde en raison de « relations personnelles et d'affaires non appropriées avec un informateur du SPVM ». Cette fois, son nom était partout sur la place publique. Il a pris sa retraite volontairement peu après.
L'ex-policier n'a finalement été accusé de rien, mais il dit avoir vu sa réputation ternie à jamais. Il ajoute avoir vécu du stress, de la honte, de l'humiliation, avoir reçu des menaces de mort et avoir perdu des revenus importants.
UN VOL DE DOSSIER
Par ailleurs, le 17 décembre 2015, un commandant du SPVM, qui avait laissé le dossier d'enquête interne sur Philippe Paul dans sa voiture, a été victime d'un vol au centre-ville de Montréal. Un criminel s'est emparé du dossier, qui contenait énormément d'informations personnelles sur M. Paul et ses enquêtes passées.
« Ces documents perdus se sont peut-être retrouvés dans de mauvaises mains. Cette négligence a mis gravement en danger la vie du demandeur », souligne l'avocat de M. Paul.
L'ex-policier affirme par ailleurs que son employeur n'a pas pris les moyens nécessaires pour défendre sa réputation lorsque des rumeurs à son sujet ont commencé à circuler dans les médias. Il blâme aussi les médias de Québecor pour une partie des dommages à sa réputation.
Il réclame 450 000 $ en dommages, plus une somme additionnelle pour compenser ses pertes en matière de régime de retraite et de sources de revenus.
GUERRE DE CLANS
Philippe Paul est au coeur d'une guerre de clans entre enquêteurs du SPVM qui fait rage depuis le milieu des années 90. Les membres de deux groupes s'accusent mutuellement d'être corrompus. De part et d'autre, leurs allégations ont mené à des enquêtes internes.
Certains policiers du camp rival ont témoigné à visage découvert à l'émission J.E. la semaine dernière et accusé la division des affaires internes du SPVM d'avoir fabriqué de la preuve pour se débarrasser d'eux alors qu'ils s'apprêtaient à dénoncer des collègues aux comportements criminels.
Le ministre de la Sécurité publique Martin Coiteux avait jugé leurs allégations « très graves ».