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mercredi, janvier 25, 2017

Suède: un journaliste jugé pour avoir ramené un enfant syrien

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Publié le 25 janvier 2017 à 10h23 | Mis à jour à 10h23
Abed, un jeune réfugié syrien et le journaliste... (Photo tirée de Twitter)
Abed, un jeune réfugié syrien et le journaliste suédois Fredrik Önnevall.
PHOTO TIRÉE DE TWITTER
CAMILLE BAS-WOHLERT
Agence France-Presse
MALMÖ
«Emmène-moi!» Vaincu par les supplications d'Abed, un jeune réfugié syrien, le journaliste suédois Fredrik Önnevall a suivi sa conscience: acteur et non plus simple témoin de l'histoire, il est jugé pour aide à l'immigration illégale.
Printemps 2014. Les journalistes tournent pour la télévision publique suédoise SVT un documentaire sur la réaction des partis nationalistes européens à la vague migratoire et veulent témoigner des conditions de vie des migrants.
En Grèce, Fredrik, son caméraman et son interprète rencontrent Abed -un nom d'emprunt. L'adolescent est chétif. À 15 ans, il en fait à peine 13. Il voyage seul et veut à tout prix gagner la Suède, où vit un cousin.
«Ça m'a pris dix, quinze minutes pour intégrer sa question, comprendre ce qu'il me demandait vraiment, et pour me décider», se souvient le journaliste de 43 ans, interviewé à Malmö, où il comparaît le 26 janvier.
«À partir du moment où j'ai compris que la question était simplement «quelle est la décision avec laquelle je vais pouvoir vivre?, tout est devenu plus clair», raconte-t-il.
Au secours de l'adolescent
Ses deux collègues acceptent, eux aussi, de venir au secours de l'adolescent. En Grèce, ils renoncent à prendre l'avion vers la Suède pour accompagner l'adolescent sur les routes d'Europe, parvenant à franchir avec lui et sans le cacher les différentes frontières.
«Il ne s'agissait plus de journalisme. Ce qui était en jeu, c'était qui je suis, quelles sont mes valeurs et si je pouvais vraiment repenser à ce moment en sachant que je n'avais pas aidé un garçon qui était en train de risquer sa vie», résume M. Önnevall.
«J'ai confiance dans le fait que nous avons raison, qu'il ne s'agit pas d'un délit», conclut-il.
Le Parquet de Malmö, lui, n'entend pas confondre droit et morale.
«Juridiquement, à partir du moment où ils l'ont aidé à venir, il s'agit d'aide à l'immigration illégale, explique la procureure chargée du dossier, Kristina Amilon. S'ils avaient été payés, le délit aurait été d'une particulière gravitée.»
En 2016, 116 personnes ont été inculpées pour aide à l'immigration illégale, deux fois plus que l'année précédente et près de huit fois plus qu'en 2014. Les prévenus risquent deux ans d'emprisonnement.

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