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vendredi, janvier 13, 2017

Donald Trump pousse son cabinet à s'exprimer librement

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Publié le 13 janvier 2017 à 16h37 | Mis à jour à 16h37
«Je veux qu'ils restent eux-mêmes et qu'ils expriment... (Photo Associated Press)
«Je veux qu'ils restent eux-mêmes et qu'ils expriment leurs propres points de vue, pas les miens!», a assuré Donald Trump
PHOTO ASSOCIATED PRESS
NICOLAS REVISE
Agence France-Presse
Washington
À une semaine de son entrée à la Maison Blanche, Donald Trump a encouragé vendredi les membres de son cabinet à s'exprimer librement après que ses futurs chefs de la diplomatie et du Pentagone se sont démarqués du président désigné en matière de politique étrangère.
Dans l'un de ses tweets matinaux dont il est coutumier, mais au ton cette fois apaisé, le 45e président des États-Unis, qui sera investi le 20 janvier, s'est félicité que «tous les membres de [son] cabinet donnent une excellente impression et fassent du bon boulot».
«Je veux qu'ils restent eux-mêmes et qu'ils expriment leurs propres points de vue, pas les miens!», a assuré Donald Trump, d'humeur visiblement conciliante.
Car les secrétaires qu'il a choisis pour les Affaires étrangères et la Défense l'ont contredit sur nombre de dossiers stratégiques, lors de leurs auditions de confirmation cette semaine au Sénat.
Prenant le contre-pied d'un Donald Trump qui veut se rapprocher de Moscou, Rex Tillerson, ex-PDG d'ExxonMobil qui brigue la tête du département d'Etat, et l'ancien général des Marines James Mattis qui ambitionne de diriger le Pentagone, ont tapé à bras raccourcis sur la Russie du président Vladimir Poutine.
Un «danger» pour l'Europe et qui «cherche à casser» l'OTAN, ont-ils tonné.
Certes, les secrétaires américains jouissent en général d'une grande latitude, mais les titulaires de porte-feuilles régaliens doivent porter publiquement et mettre en musique les choix du commandant en chef.
Les contours de la diplomatie de Donald Trump restent flous, même si, sur la Russie, il affiche la couleur depuis des mois et prône un réchauffement des relations après des années de froid sous l'ère de Barack Obama en raison de l'Ukraine et de la Syrie.
Une transition «inhabituelle»
Il n'empêche que les déclarations étonnamment antirusses de Rex Tillerson, pourtant un proche du président Poutine, sèment le trouble chez des analystes.
«On a du mal à y voir clair sur la stratégie à moyen ou à long terme de l'administration Trump vis-à-vis de la Russie», critique ainsi Alina Polyakova, du centre Atlantic Council. Le prochain président «continuera-t-il à soutenir l'Ukraine et comment gèrera-t-il ses relations avec la Russie au Moyen-Orient?», en particulier sur la Syrie, s'interroge l'experte.
D'ailleurs, juste avant de quitter la Maison Blanche le 20 janvier, le vice-président Joe Biden se rendra à Kiev pour exprimer le «soutien des États-Unis [...] à l'indépendance, au développement démocratique, à la prospérité et à la sécurité de l'Ukraine», a annoncé l'exécutif américain.
Devant le Sénat, MM. Tillerson et Mattis ont aussi fait entendre leur différence sur pléthore de sujets sur lesquels M. Trump avait pris des positions parfois extrêmes.
Les deux ministres pressentis se sont démarqués de leur président sur l'accord sur le nucléaire iranien, la lutte contre la prolifération nucléaire, le changement climatique ou la capitale d'Israël.
Ils sont en revanche sur la même ligne de fermeté à l'égard de la Chine, en particulier sur la militarisation par Pékin d'îles disputées en mer de Chine méridionale. Des menaces proférées par le possible secrétaire d'État Tillerson ont été dénoncées par la presse d'Etat chinoise, évoquant un risque d'«affrontement militaire».
À tout juste une semaine de sa prestation de serment, Donald Trump est également à couteaux tirés avec les services de renseignements américains et des médias qu'il accuse d'incompétence, de déloyauté et de propager de fausses informations.
Dans ce climat très lourd, le président Obama a reconnu, en termes très diplomatiques, que la transition était «inhabituelle», dans un entretien à CBS qui a en diffusé des extraits. Évoquant la campagne «un peu improvisée» du candidat Trump, M. Obama juge impossible d'assurer les fonctions de président sur le même mode. Son conseil à son successeur et aux républicains: «Assurez-vous que certaines traditions institutionnelles ne soient pas érodées, car il y a une raison pour laquelle elles sont en place».
L'administration démocrate a encore prodigué quelques dernières «recommandations» à l'équipe Trump.
Réduire les financements américains aux Nations unies serait «extrêmement préjudiciable» aux intérêts de Washington, a prévenu son ambassadrice à l'ONU Samantha Power et miser sur une «fragmentation» de l'Union européenne serait une «pure folie, selon l'ambassadeur des États-Unis à Bruxelles, Anthony Gardner. Le département d'État a aussi conseillé à l'administration Trump, si elle y est conviée, de participer aux pourparlers sur la Syrie organisés par Moscou et Ankara le 23 janvier, trois jours après l'investiture du 45e président des États-Unis.

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