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dimanche, décembre 04, 2016

Relations entre le Canada et les É.-U.: «Ça n'augure pas très bien», dit un ex-conseiller

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EXCLUSIF
Publié le 04 décembre 2016 à 05h00 | Mis à jour à 07h23
« Si Justin Trudeau pense qu'il peut charmer Donald... (Photo William Philpott, Reuters)
PHOTO WILLIAM PHILPOTT, REUTERS
« Si Justin Trudeau pense qu'il peut charmer Donald Trump, il se trompe, avertit Alec Ross. Justin Trudeau est incapable de charmer Donald Trump parce que Donald Trump est tellement imbu de lui-même. Il va se sentir menacé par le charisme et la jeunesse de M. Trudeau. »

(Ottawa) L'arrivée au pouvoir de Donald Trump en janvier risque de mettre à rude épreuve les relations entre le Canada et les États-Unis, estime Alec Ross, qui fut un conseiller d'Hillary Clinton durant la dernière campagne pour les questions d'innovation et de technologie.
Le nouveau locataire de la Maison-Blanche est un homme imprévisible et le charme de Justin Trudeau ne sera pas suffisant pour protéger les intérêts du Canada à Washington, avise-t-il dans une entrevue exclusive accordée à La Presse lors de son passage à Ottawa cette semaine.
M. Ross était au pays à l'invitation des dirigeants de la Chambre de commerce du Canada, qui désiraient l'entendre sur les possibles conséquences de la victoire de M. Trump sur les relations entre les deux pays. Voici un compte rendu de l'entrevue.
Quel effet aura une administration dirigée par Donald Trump sur le Canada ?
Je pense que ça n'augure pas très bien pour le Canada. Ce serait une erreur de croire qu'il pourrait y avoir des affinités entre le Canada, les Canadiens et Donald Trump et son entourage. On a juste à penser au commerce. Durant sa carrière d'homme d'affaires de plus de 40 ans, Donald Trump voyait les affaires et les négociations comme une manière d'arracher des choses. Il obtient quelque chose et il ne donne rien en retour. C'est la même chose en matière d'approvisionnement. Il achète des pianos pour ses hôtels, mais il n'en paie que la moitié. Il a tendance aussi à ne pas avoir des associés d'affaires pendant très longtemps. Il a tendance à les voir comme des adversaires. Je crois qu'il ne voit pas les Canadiens comme il perçoit les Mexicains. Mais il voit tout le monde comme une partie adverse dans les négociations. De son point de vue, durant les négociations, il y a des gagnants et des perdants. Donc, sur les questions commerciales, il y a matière à inquiétude pour le Canada.
Peut-on faire des comparaisons entre Donald Trump et d'anciens présidents américains ? Certains pensent qu'il pourrait être du même acabit que Ronald Reagan.
Non, je ne crois pas qu'il y ait de présidents à qui on puisse le comparer. Ayant vu Barack Obama pendant les huit dernières années, je pense qu'il serait aussi difficile de dire qu'il est comme tel ou tel autre président. Ronald Reagan et Donald Trump ont peu de choses en commun. Ronald Reagan choisissait ses mots très attentivement. Tout était bien chorégraphié. Il était extrêmement discipliné. Il était un acteur. Aussi, il s'était entouré de gens tels que James Baker, George Shultz - des gens qui étaient des hommes d'État dans le sens traditionnel. Il n'y a pas de James Baker ou de George Shultz dans l'entourage de Donald Trump. Si Ronald Reagan était discipliné, Donald Trump démontre tout le contraire. Même sur le plan idéologique, les deux sont très différents. Ronald Reagan croyait à la menace soviétique. Donald Trump est presque un fan de Vladimir Poutine.
Diriez-vous, comme certains experts, que Justin Trudeau a fait une erreur en se disant prêt à renégocier l'Accord de libre-échange nord-américain aussi rapidement ?
Oui. Si Justin Trudeau pense qu'il peut charmer Donald Trump, il se trompe. Justin Trudeau est incapable de charmer Donald Trump parce que Donald Trump est tellement imbu de lui-même. Il va se sentir menacé par le charisme et la jeunesse de M. Trudeau. C'est bien sûr tout à l'honneur de Justin Trudeau d'être poli et ouvert. Mais il doit bien faire attention de ne pas être naïf avec Donald Trump.
Nous avons vu un Donald Trump plus posé depuis les élections...
Quand ? Je ne l'ai pas encore vu ! Sérieusement. Il a choisi un néonazi [Steve Bannon] pour être son conseiller stratégique. Il a nommé quelqu'un qui s'oppose aux lois sur le droit de vote au poste de secrétaire à la Justice. Il a nommé quelqu'un qui croit aux théories du complot au poste de conseiller à la sécurité nationale. Il a écrit des tweets sur le ton de la colère encore récemment. Alors, je n'ai pas encore vu un Donald Trump plus docile. C'est le même Trump que lors de la campagne.
M. Trudeau souhaiterait avoir une politique commune pour l'Amérique du Nord en matière d'énergie et d'environnement. Doit-il faire une croix sur cette ambition ?
Il peut faire une croix là-dessus. À moins que ses politiques en matière de changement climatique soient de nier ce phénomène, il ne pourra y avoir une politique commune en matière énergétique. Donald Trump croit que les changements climatiques n'ont pas été causés par les humains. Il croit que cela est une fabrication de la Chine. Alors, dites-moi les convergences entre ce point de vue et celui de Justin Trudeau ? Croyez-vous que Donald Trump est prêt à mettre un prix sur le carbone ? Si oui, vous fumez du crack ! Il n'y aura pas de tarification sur le carbone tant que Donald Trump sera président.
Voyez-vous des gens au sein de son administration qui pourraient être des alliés du Canada ? Par exemple, Mitt Romney est l'un des candidats en lice pour devenir secrétaire d'État.
Je crois que le meilleur allié serait David Petraeus [ancien haut commandant du US Central Command et ancien directeur de la CIA]. David Petraeus a une solide vision de ce que doit être l'Amérique du Nord au XXIe siècle. Il comprend les affaires, a une bonne connaissance de la géopolitique, il comprend comment on peut mettre en oeuvre des accords où il y a aussi un partage des valeurs. Le Canada doit espérer la nomination d'un Mitt Romney ou d'un David Petraeus à des postes importants. Quant à savoir s'il y aura encore des gens de l'extrême droite ou encore des gens de l'establishment, le mystère demeure entier pour le moment.
Croyez-vous que le Congrès sera animé par la même dynamique qui prévaudra à la Maison-Blanche ?
Je crois que ce sera une autre dynamique au Congrès. Même si je crois que le Congrès [qui est républicain] va se ranger du côté de Donald Trump, il y a néanmoins un nombre important de républicains au Congrès qui croient aux vertus du libre-échange, par exemple, et qui ont une perspective internationale des enjeux. Ils croient que les changements climatiques sont réels et causés par l'humain. Paul Ryan [président de la Chambre des représentants], par exemple, je ne crois pas qu'il va accéder à toutes les demandes de Donald Trump. Les dossiers où il faut changer les lois au Congrès seront plus compliqués pour le président. Il y a des décrets présidentiels, mais il y a aussi des lois qui ne peuvent être changées par le président uniquement. Sur les questions sociales, le Congrès va aligner sa position sur celle de Donald Trump. Mais sur les questions économiques et les affaires étrangères, ce sera autre chose.

Cuba enterre Fidel Castro et ouvre un nouveau chapitre de son histoire

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Publié le 04 décembre 2016 à 07h24 | Mis à jour à 07h31
Les funérailles ont débuté vers 7h00 peu après... (PHOTO PEDRO PARDO, AGENCE FRANCE-PRESSE)
Les funérailles ont débuté vers 7h00 peu après l'arrivée au cimetière de Santa Ifigenia
du cortège funèbre contenant les cendres du «Comandante».
PHOTO PEDRO PARDO, AGENCE FRANCE-PRESSE
KATELL ABIVEN
Agence France-Presse
Santiago de Cuba
Cuba enterrait dimanche Fidel Castro à Santiago de Cuba, berceau de la révolution castriste dans l'est du pays, lors d'une cérémonie intime qui vient clore neuf jours de deuil et tourner la page de plus d'un demi-siècle d'histoire de l'île.
Les funérailles ont débuté vers 7h00 peu après l'arrivée au cimetière Santa Ifigenia du cortège funèbre contenant les cendres du «Comandante», qui a gouverné sans partage sur l'île caribéenne pendant près d'un demi-siècle.
À l'entrée du cimetière, une foule de plusieurs milliers de personnes a scandé «Viva Fidel» au passage de l'urne recouverte d'une coque de verre, placée sur une remorque tirée par une jeep militaire.
Ces funérailles se tiennent en famille et en présence de quelques dignitaires cubains et étrangers triés sur le volet. La presse étrangère était tenue à bonne distance de la nécropole et la télévision d'État ne retransmettait pas cette cérémonie présentée comme «simple» par le président Raul Castro, qui a succédé à son frère en 2006.
Adulé ou honni, Fidel Castro a forgé le destin de son pays et défié la superpuissance américaine pendant près de 50 ans. Il reposera à côté du mausolée de José Marti, père de l'indépendance de Cuba, et d'autres héros nationaux enterrés dans cette nécropole.
Le cimetière était fermé aux visiteurs depuis plusieurs jours, entretenant le doute sur l'apparence de la future sépulture du «Comandante», qui avait cédé le pouvoir à son frère Raul en 2006 à la suite d'une grave opération intestinale. On ignorait encore dimanche quand il serait de nouveau ouvert au public.
Ces ultimes cérémonies scellent la fin d'un deuil national de neuf jours décrété après le décès de Fidel Castro, au cours duquel les autorités et les médias d'État ont répété à l'envi que l'enjeu était désormais de pérenniser le legs du père de la révolution socialiste.
Samedi soir, Raul Castro a juré, devant les cendres de son frère, de «défendre la patrie et le socialisme», lors d'une cérémonie d'hommage tenue place de la Révolution Antonio Maceo de Santiago.
Fidel «a démontré que cela est possible, qu'on peut renverser tout obstacle, menace, soubresaut dans notre détermination à construire le socialisme à Cuba», a-t-il insisté.
Ni statue ni monument
Prenant de court beaucoup de Cubains, Raul Castro a aussi annoncé qu'aucun lieu ni monument ne porterait le nom de Fidel Castro à Cuba à l'avenir.
«Le leader de la révolution rejetait toute manifestation du culte de la personnalité et a été constant dans cette attitude jusque dans ses dernières heures», a-t-il expliqué.
Pourtant, selon Ted Piccone, spécialiste de l'Amérique latine au sein du centre d'études américain Brookings, cela n'empêchera pas «sa mémoire de planer sur Cuba pendant longtemps».
«Considérant l'énorme impact qu'il a eu à Cuba et dans la région, il ne s'agit pas vraiment d'adieux», estime encore l'expert.
Mais après le décès de Fidel, tous les regards sont désormais braqués sur Raul Castro, qui depuis dix ans mène une lente et timide ouverture de l'économie cubaine, et a été l'artisan d'un spectaculaire rapprochement avec les États-Unis et d'un retour progressif de Cuba dans le concert international.
Tous les «Fidélistes» interrogés à Santiago par l'AFP assurent faire confiance à Raul - qui se retirera en 2018 - et à ses successeurs pour perpétuer la révolution.
«J'ai confiance en Raul parce que Raul est le frère de Fidel, et Fidel lui a tout appris et tout légué», assure Irina Hierro Rodriguez, professeure de 23 ans.
«Aucune société n'est parfaite. Le concept de la révolution est de changer ce qu'il faut changer: si c'est pour perfectionner notre modèle économique, tant mieux», glisse de son côté Marta Loida, professeure d'université de 36 ans.
Depuis lundi, une série d'hommages ont eu lieu à La Havane, puis dans de nombreuses villes du pays traversées par le convoi qui a transporté les cendres du «Comandante» jusqu'à Santiago, ville portuaire sise au pied des montagnes de la Sierra Maestra, d'où la guérilla castriste a lancé la révolution qui l'a porté au pouvoir en 1959.
Massés par centaines de milliers au bord des routes, les Cubains ont aussi été incités à parapher dans chaque quartier, chaque village, des registres pour «jurer» de défendre l'héritage socialiste de celui qui restera pour eux le «Commandant en chef».

Aucun lieu ni monument ne sera baptisé en l'honneur de Fidel Castro

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Publié le 03 décembre 2016 à 20h38 | Mis à jour le 03 décembre 2016 à 20h49
Fidel Castro, décédé le 25 novembre à l'âge... (AFP, Juan Barreto)
Fidel Castro, décédé le 25 novembre à l'âge de 90 ans, a toujours refusé
 que l'on baptise des endroits publics en son honneur alors qu'il était au pouvoir.
AFP, JUAN BARRETO
Associated Press
SANTIAGO
Le gouvernement cubain interdira que des rues ou des monuments publics soient nommés en l'honneur de Fidel Castro afin de respecter le voeu de l'ancien dictateur de ne pas voir se développer un culte de la personnalité, a annoncé le président du pays, Raul Castro, samedi.
Devant une foule rassemblée pour rendre hommage à son défunt frère à Santiago, Raul Castro a indiqué que l'Assemblée nationale du pays adoptera une loi visant à empêcher de donner le nom de Fidel Castro aux «institutions, aux rues, aux parcs ou autres lieux publics, ou de (lui) ériger une statue, un buste ou toute autre forme d'hommage».
«Conformément à la décision du camarade Fidel, nous présenterons à l'Assemblée nationale (..) les propositions législatives nécessaires pour le respect de sa volonté», a déclaré Raul Castro.
Fidel Castro, décédé le 25 novembre à l'âge de 90 ans, a toujours refusé que l'on baptise des endroits publics en son honneur alors qu'il était au pouvoir.
Par ailleurs, les cendres de Fidel Castro sont arrivées dans la ville de Santiago, concluant un parcours sur quatre jours à travers le pays.
Des milliers de personnes ont salué le passage des cendres du dirigeant cubain en scandant «Fidel! Je suis Fidel!». L'ancien président est décédé, le 25 novembre, à l'âge de 90 ans. Sa mémoire sera honorée à l'occasion d'une cérémonie télévisée organisée par son frère, le président Raul Castro, samedi soir. Ses restes seront enterrés dimanche matin, mettant un terme à une période de neuf jours de deuil national.
Depuis sa mort, des manifestations d'adulations publiques se sont multipliées, particulièrement dans l'est rural. Des foules imposantes ont crié son nom et se sont rassemblées en bordure de route pour saluer la procession funéraire ayant amené ses restes de La Havane à Santiago.
Raul Castro jure de «défendre le socialisme»
Le président cubain Raul Castro a juré samedi soir de «défendre la patrie et le socialisme».
«Devant les restes de Fidel (...) dans la cité héroïque de Santiago de Cuba, nous jurons de défendre la patrie et le socialisme», a déclaré Raul Castro lors d'une soirée d'hommage à Fidel Castro dans cette ville de l'est du pays.
- Avec AFP