Annonce

dimanche, décembre 11, 2016

Débouler

http://www.journaldemontreal.com/



 Un chiffre m’a frappé, cette semaine. Le tiers des Québécois n’ont pas 500 $ de côté pour faire face à un imprévu.
Cinq cents dollars!
Vous imaginez?
Un coup de malchance, une perte d’emploi ou une maladie et vous vous retrouvez soudainement sur la paille.
ÉCHELLES ET SERPENTS
Quand on regarde les sans-abri dans la rue, on se dit que ça ne pourra jamais nous arriver.
Rien de plus faux.
Beaucoup de ces gens-là étaient comme vous et moi. Ils travaillaient, avaient une famille, un logement, une vie socia­le, des amis.
Il a suffi que le vent tourne brusquement pour qu’ils lâche­nt la rampe et déboulent en bas de l’escalier.
Une séparation, une dépression, un passage à vide, une zone de turbulence et paf! tu te retrouves en bas des marches, les quatre fers en l’air.
La vie est comme un jeu vidéo. Tu zigzagues, tu cours de toutes tes forces en tentant d’esquiver des roches qui tombent du ciel.
Mais un jour, une roche te tombe sur la tête et tu te retrouves au tout début du jeu, sans rien dans tes poches.
Et quand la malchance frappe, on sait ce qui arrive. Les amis déguerpissent.
Ce n’est pas qu’ils sont méchants, mais c’est comme ça: les gens croient que le malheur est contagieux, que ça s’attrape comme la grippe.
On dit «Comment ça va?» aux gens que l’on croise, mais, dans le fond, on se fout de leur réponse, c’est une formalité, un automatisme.
On veut qu’ils répondent «Super, et toi?», et qu’ils déguerpissent au plus sacrant.
Qui veut entendre les lamentations de son voisin de bureau?
On a assez de nos problèmes sans nous taper ceux des autres...
AUCUN FILET
Alors tu te retrouves seul au bas des marches, étourdi, sonné.
Comment ai-je fait pour me ramasser là? Je ne suis pas censé être en bas, je suis censé être en haut, sur le balcon, à me faire bronzer, un verre à la main!
Et je fais comment, maintenant, pour remonter?
Il y a plein de gens dans l’escalier, qui attendent, pressés les uns contre les autres!
«Monsieur, désolé, pouvez-vous me laisser passer? Je ne sais pas ce qui est arrivé, mais j’ai glissé et je me suis retrouvé sur le trottoir... Monsieur? Monsieur, m’entendez-vous?»
Imaginez ceux – et il y en a de plus en plus – qui sont pigistes, travail­leurs autonomes.
Pas d’assurance, pas de congés de maladie payés, que tes REER comme embarcation de sauvetage en cas de naufrage.
Tu glisses et tu n’as aucun filet pour t’attraper.
UNE PAILLASSE
À la question «Pourquoi le tiers des Québécois n’ont pas 500 $ de côté en cas de coup dur?» deux réponses sont possibles.
Ou ces gens font comme notre gouvernement et gèrent mal leur budget. Ils s’endettent et multiplient les dépenses inutiles sans tenir compte de leur capacité de payer.
Ou ils sont pressés comme des citrons par un État trop gourmand.
Qu’en pensez-vous?
Une chose est sûre: 500 $, ce n’est pas un coussin.
C’est juste un petit sac bourré de paille...
Il suffit d’une bourrasque et tu sombres.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire