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lundi, octobre 31, 2016

La Maison-Blanche ne veut «ni critiquer, ni défendre» le chef du FBI

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Publié le 31 octobre 2016 à 13h48 | Mis à jour à 13h48
Le directeur du FBI, James Comey, lors d'une... (PHOTO JOSHUA ROBERTS, ARCHIVES REUTERS)
Le directeur du FBI, James Comey, lors d'une audition devant le Comité judiciaire de
la Chambre, le 28 septembre à Washington.
PHOTO JOSHUA ROBERTS, ARCHIVES REUTERS

Agence France-Presse
WASHINGTON
La Maison-Blanche a opté lundi pour la prudence concernant le directeur du FBI James Comey, dans la tourmente pour avoir envoyé une lettre au Congrès relançant l'affaire des courriels d'Hillary Clinton à quelques jours de l'élection présidentielle.
« Je ne critiquerai ni ne défendrai le directeur Comey », a déclaré Josh Earnest, porte-parole du président Barack Obama, tout en insistant sur le fait qu'il existait une « tradition ancienne » selon laquelle il était préférable d'éviter de rendre public des éléments sur une enquête en cours.
Dans la tourmente
Il ne voulait prendre aucun risque pouvant ternir son intégrité. Mais James Comey, le premier policier des États-Unis, se retrouve désormais dans une position impossible, accusé de s'être immiscé de fait dans la campagne présidentielle à quelques jours du scrutin.
Vendredi dernier, dans un bref courrier à des responsables du Congrès, le patron du FBI avait annoncé la découverte d'une potentielle ramification à l'enquête sur l'utilisation par Hillary Clinton d'un serveur privé quand elle était secrétaire d'État. M. Comey, 55 ans, précise alors qu'il ne sait pas si cette découverte sera significative.
Il explique aussi au personnel du FBI dans un autre courrier qu'il se sent « dans l'obligation » de mentionner cette découverte au Congrès, « vu que j'ai témoigné plusieurs fois ces derniers mois que notre enquête était achevée ». « Au milieu d'une élection, il y a un risque important d'être mal compris », reconnaît-il.
Et mal compris, il l'a été apparemment de toute part.
« C'est le plus grand scandale politique depuis le Watergate », scandale avait provoqué la démission de Richard Nixon en 1974, martèle depuis le candidat républicain à la Maison-Blanche Donald Trump, sans attendre de savoir ce que contiennent ces milliers de courriels, dont beaucoup pourraient être des doublons déjà examinés.
Ils ont été retrouvés sur l'ordinateur portable d'Anthony Weiner, le mari d'une très proche collaboratrice de Mme Clinton, Huma Abedin.
Étrange et inquiétant
C'est « étrange qu'une chose pareille ait été publiée, avec si peu d'informations, juste avant une élection », dénonce Mme Clinton, dans un rassemblement en Floride. « C'est sans précédent et c'est profondément inquiétant », ajoute la candidate démocrate à la Maison-Blanche, demandant que tous les faits soient mis sur la table. Un message que répète à l'envi son entourage.
Le chef de la minorité démocrate au Sénat, Harry Reid, s'inquiète aussi dans un courrier à M. Comey d'un « deux poids, deux mesures » semblant selon lui vouloir « aider un parti par rapport à l'autre ». « À travers vos actions partisanes, vous pourriez avoir violé la loi », écrit-il.
L'ancien ministre de la Justice démocrate Eric Holder a lui dénoncé « une grave erreur avec des implications potentiellement graves » de la part d'un « homme d'intégrité et d'honneur ». Il a rappelé dans une lettre ouverte publiée par le Washington Post que la politique du ministère de la Justice - auquel est rattaché le FBI - est de ne pas commenter des enquêtes en cours et d'être particulièrement prudent à l'approche d'une élection.
Le patron du FBI, républicain non encarté, nommé par Barack Obama pour dix ans en 2013, avait prévenu les dirigeants du ministère de son intention d'écrire au Congrès. Ils avaient en vain tenté de le dissuader.
Mais pouvait-il faire autrement ?
Il pensait que l'information ferait l'objet d'une fuite aux médias, avec le risque que son silence soit interprété comme une tentative de dissimulation, ont confié des proches au Washington Post.
« Il était dans une situation impossible », a aussi estimé lundi la directrice de campagne de Donald Trump Kellyanne Conway. « Il était obligé de faire savoir que son témoignage [devant le Congrès en juillet] n'était plus vrai ».
À l'époque, M. Comey avait déjà défié la tradition, en annonçant dans une conférence de presse surprise qu'il ne voyait pas matière à poursuites contre Mme Clinton dans l'affaire de son serveur privé, même si elle avait fait preuve « d'une ''extrême négligence'' en disséminant ''des informations hautement sensibles'' ».
Deux jours plus tard, témoignant devant le Congrès à majorité républicaine, il s'était engagé à revenir vers les élus en cas de nouveaux développements.
Reste à savoir ce que contiennent ces courriels, et notamment si y figurent des informations confidentielles du département d'État.
Le FBI a été autorisé à les examiner dimanche soir par un juge.
Selon les experts, il n'est pas sûr, même en travaillant vite, qu'il puisse parvenir à des conclusions avant le scrutin du 8 novembre.

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