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samedi, juin 25, 2016

Les souverainistes revigorés

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Le PQ applaudit la décision d’Ottawa de reconnaître la victoire de 51,9 % des Britanniques

25 juin 2016 |Marco Bélair-Cirino | Québec
Les Britanniques ont choisi de quitter l’UE, un désaveu cinglant pour la construction européenne qui a plongé les marchés mondiaux dans la tourmente et coûté son poste au premier ministre conservateur David Cameron, alors qu’il avait fait campagne pour le maintien de son pays dans l’UE.
Photo: Leon Neal Agence France-Presse
Les Britanniques ont choisi de quitter l’UE, un désaveu cinglant pour la construction européenne qui a plongé les marchés mondiaux dans la tourmente et coûté son poste au premier ministre conservateur David Cameron, alors qu’il avait fait campagne pour le maintien de son pays dans l’UE.

La victoire du Brexit constitue une nouvelle démonstration de la forte volatilité de l’opinion publique, souligne Alexandre Cloutier, tout en s’accrochant à l’espoir de voir naître le « pays du Québec ».

« Qui aurait prédit les résultats de ce référendum du côté britannique il y a à peine un an ? Qui aurait prédit que la nation écossaise aurait connu une telle progression [du nombre d’] indépendantistes au cours de la campagne référendaire ? Ce que je sais, c’est que la politique, ça change très rapidement », a-t-il insisté en marge des festivités de la fête nationale, à Montréal. « Avant de prendre des engagements trop fermes, il faut rester à l’écoute de ce qui se passe à la fois sur la scène nationale et sur la scène internationale », a-t-il poursuivi dans un clin d’oeil à son refus de promettre, à ce moment-ci, la tenue ou l’absence d’un référendum sur l’indépendance du Québec dans un premier mandat du PQ au pouvoir.

Le candidat à la direction du PQ a applaudi la décision du premier ministre canadien Justin Trudeau de reconnaître sans tarder l’éclatement de l’Union européenne des 28 après l’annonce de l’appui de 51,9 % des électeurs britanniques au Leave. « Il a souhaité une transition dans l’harmonie. On est du même avis », a déclaré M. Cloutier, insistant sur la nécessité pour la classe politique canadienne de reconnaître « la seule règle applicable », soit celle du « 50 % plus un ».

Les propos de M. Trudeau seront « notés au procès verbal de l’histoire », a souligné un autre prétendant au poste de chef du PQ, Paul Saint-Pierre Plamondon. « J’espère que monsieur Dion va prendre acte du fait que pour le premier ministre britannique, 51,9 %, “c’est clair” », a ajouté le professeur de droit Daniel Turp.

Le député de Rosemont, Jean-François Lisée, a aussi salué la « beauté de la démocratie » en Grande-Bretagne, qui est le siège de la mère des Parlements. « Si ç’avait été, disons, Jean Chrétien ou Stéphane Dion, ils auraient dit : “C’est juste un sondage. On va regarder ça. La majorité n’est pas assez forte. La participation n’est pas assez forte.” Tous les arguments que les Trudeauistes ont utilisés ici sont renversés par la réalité britannique, les inventeurs du parlementarisme britannique », s’est-il réjoui.

Échec du multiculturalisme

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, s’est dit heureux de voir M. Trudeau« confirmer » que 50 % de la population plus une personne peut « décider de l’avenir de la société ». « Ça m’a fait un peu sourire, mais en même temps, je suis content de voir que Justin Trudeau reconnaît un résultat serré : 51-52 % », a-t-il affirmé.

Par ailleurs, M. Legault a invité le chef du gouvernement québécois Philippe Couillard à tirer une « leçon » de la victoire du Brexit, qui est en partie attribuable à l’échec du multiculturalisme au Royaume-Uni. « On a besoin au Québec de se demander comment on peut mieux intégrer les immigrants, parce que, qu’on le veuille ou non, sans être racistes,[…] il y a des Québécois qui sont inquiets de l’immigration de 50 000 immigrants par année », a-t-il souligné dans un échange avec Le Devoir.

En mars, M. Couillard s’était dit favorable à l’accueil de 60 000 immigrants par année, soit 10 000 de plus. Devant la controverse, il a par la suite abaissé le seuil d’immigration à 51 000 pour les années 2017 et 2018. « On ne doit pas, au minimum, augmenter le seuil. Est-ce qu’on doit le diminuer ? Ça doit être analysé, a-t-il dit. On doit s’assurer que les immigrants qui arrivent au Québec acceptent d’apprendre le français. C’est ça qu’on célèbre aujourd’hui. »

Au Royaume-Uni, le camp du Brexit a notamment été alimenté par la « xénophobie » jusqu’à la victoire, a fait remarquer la coporte-parole de Québec solidaire, Françoise David. « Dans le camp du Brexit, il y a aussi des gens fâchés contre les élites financières. Beaucoup de gens se sentent floués par un pouvoir qui leur apparaît très loin d’eux. Ils ont l’impression qu’ils sont dépossédés, eux, de ce pouvoir. Ça, je le comprends », a-t-elle déclaré.

Appui à géométrie variable au Leave

La députée de Joliette, Véronique Hivon, a dit trouver « très intéressant » l’appui de la nation anglaise au Leave et celui des nations écossaise et irlandaise au Remain du Royaume-Uni dans l’UE. « [Les nations] votent de manière complètement différente quant à un même enjeu parce qu’elles votent conformément à leurs aspirations, à leurs valeurs et leurs intérêts », a-t-elle soutenu.

D’ailleurs, la consultation de jeudi « remet en avant les questions d’indépendance nationale », y compris celle de « la légitimité pour un peuple comme le peuple québécois d’aspirer à sa pleine indépendance », selon elle.

Après avoir rappelé que 100 % des circonscriptions écossaises ont voté pour le maintien dans l’UE, la première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a rapidement déclaré que « la possibilité d’un second référendum [sur l’indépendance de l’Écosse] doit être sur la table, et elle est sur la table ». Aux yeux du chef intérimaire du PQ, Sylvain Gaudreault, « c’est une démonstration du fait qu’on peut être souverainiste tout en étant pour la libéralisation des marchés ». Cela dit, M. Gaudreault a souhaité un « divorce de velours » au Royaume-Uni et à l’UE.

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