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lundi, mars 14, 2016

Lettre aux indépendantistes

http://service.vigile.quebec/

Et si on vendait l’indépendance
Comme si c’était un produit
Tribune libre de Vigile
lundi 14 mars
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Je n’ai pas l’habitude de m’exprimer dans des forums, mais les résultats de la dernière élection fédérale et la perspective d’une élection décisive en 2018 me forcent à sortir de ma réserve et exprimer mon opinion.
Vendons l’indépendance !
Et si on vendait l’indépendance comme si c’était un produit ? Faisons la promotion de l’indépendance comme on fait la promotion d’une mode. Mettons des slogans pro-indépendance sur des panneaux publicitaires surplombant le boulevard Décarie. Plaçons des annonces à la télé et la radio vantant les mérites de l’indépendance.
Bien que les indépendantistes soient actifs sur le web, les sites web et les réseaux sociaux n’attirent majoritairement que les convaincus et les politisés. Il nous faut un moyen de communication plus public, plus concret et plus réel, visible à tout le monde, incluant les apolitiques et les indécis. De toutes façons, le réel et le virtuel ne sont pas exclusifs. Un panneau peut porter l’adresse d’un site indépendantiste, et les indépendantistes peuvent prendre une photo du panneau et le poster sur leur page Facebook, sur YouTube, et ainsi de suite.
Bien sûr, il y a la question de l’argent. Je ne connais pas le coût d’un spot publicitaire à la télé, la radio ou sur un panneau, mais je sais que ce n’est pas donné. Il faudra donc faire une campagne de faible intensité mais de longue durée. De toute façon, si les annonces publicitaires sont rares, elles seront de ce fait même d’autant plus précieuses. Chacune serait donc un évènement en soi. Et si les canadians lancent une contre-campagne publicitaire, et ben, au moins on serait en train de discuter de la question nationale sur la place publique. Ce sera déjà une victoire, surtout que les fédéralistes tiennent à ne pas parler de cette question. Ils veulent le silence, pas un débat. On peut les comprendre, puisque que la vérité est du côté des indépendantistes (c’est peut-être notre seul avantage).
En plus, au niveau des perceptions l’inégalité des moyens peut jouer en faveur des indépendantistes. Tout le monde sait que les fédéralistes ont beaucoup d’argent. Une publicité bien léchée de leur part n’étonnerait personne. Cependant, une publicité modeste mais assumée des indépendantistes, financée par des contributions populaires, risquerait d’impressionner bien des gens. Des fois, ce ne sont pas les moyens qui comptent, mais le simple fait de résister.
Il semble que le PQ va mettre sur pied un institut de recherches sur l’indépendance du Québec. Je pense que c’est une très bonne initiative, mais je pense aussi qu’il y a des limites à produire des rapports savants bourrés de chiffres. Les publicités pour l’indépendance doivent être plus personnelles. Elles doivent démontrer que le Québec est une société colonisée (comme le démontre J. Maurice Arbour dans son essai «  Cessons d’être des colonisés !  », à lire absolument !), ainsi que les effets sur les individus de cette colonisation. Le francophone refoulé et cynique, l’anglophone francophobe, le Quebec bashing, sont des effets de cette colonisation.
Ces publicités devraient parler de libération, de liberté, de bons (les indépendantistes) et de méchants (les colonisateurs canadian et les francophones colonisés qui trahissent leur pays). Elles devraient laisser entendre que le fédéralisme canadien n’est pas un choix légitime car la fédération elle-même est illégitime. Elles doivent être drôles, décapantes, mordantes et baveuses (on pourra peut-être ressusciter le sketch de RBO «  Les rejets du patrimoine  »). Elles devraient non seulement encourager de la fierté pour le Québec, mais aussi un dégout envers le Canada. Bref, ces publicités devraient tenter de changer avant tout la culture du Québec, plutôt que de militer pour un parti ou un référendum. Enfin, je le répète, je sais que les publicités ne sont pas gratuites, mais peut-être que si la récolte des fonds visait quelque chose de concret, plutôt que des affaires qui ne concernent que les convaincus, ça délierait les cordons de certaines bourses. Bien sûr, cette collecte de fonds devrait permettre à ceux et celle qui le désire de faire une contribution complètement anonyme. Étant donné la mainmise fédéraliste sur l’économie, il faut se montrer compréhensif envers les personnes voulant l’anonymat par peur de représailles.
La démarche Catalane
Il me semble aussi que les indépendantistes devraient s’inspirer de la démarche Catalane vers son indépendance. C’est-à-dire qu’il faut privilégier une approche déclaratoire. Il faut déclarer son indépendance, simplement et unilatéralement. S’il faut un référendum, alors tenons le à la fin du processus, pas au début. Mais si les fédéralistes pleurnichent trop, alors disons-leur  : OK, nous allons tenir un référendum, mais seulement si le Canada promet, par écrit, qu’ils ne tricheront pas cette fois et que, s’ils trichent encore et qu’ils se font prendre, alors le Québec aura un droit de sécession automatique et immédiat. Dans l’éventualité très probable que le gouvernement fédéral refuse, il devra alors expliquer pourquoi il ne renonce pas à la tricherie.
Essentiellement, je dis qu’il faut être audacieux et de ne pas se sentir limité par les règles canadians qui sont conçues pour nous faire perdre. De toute façon, quand vient le temps de défendre la national unity, nous savons tous que la légalité canadienne ne vaut pas grand-chose. Et quand on se fait attaquer, il faut non seulement se défendre, mais aussi contre-attaquer. Nous pouvons contre-attaquer en se servant de la mauvaise foi, l’hypocrisie et la francophobie canadian érigés en système, et en la revoyant contre eux.
Par exemple, selon M. Arbour, la cour suprême du Canada invalida le droit de véto du Québec en 1981 en arguant que la constitution de 1867 ne fut ni un pacte, ni un contrat. On pouvait donc la modifier sans le consentement de toutes les parties, dont le Québec. Or, lors du règlement sur la sécession du Québec en 1998, la cour statua que le Québec ne pouvait se séparer sans le consentement de toutes les autre provinces puisque la constitution est un pacte et ne peut donc être modifiée sans le consentement de toutes les parties ! Ne pourrions-nous pas faire appel à une cour internationale pour trancher cette question ? Évidemment, on ne peut s’adresser à la cour suprême, ils font partie du problème ! Donc, si cette cour internationale trouve que la constitution de 1867 fut un pacte, alors la constitution de 1982 serait invalidée. Si elle trouve que la constitution n’est pas un pacte, alors le Québec pourra déclarer son indépendance unilatéralement. De plus, lors de la prochaine campagne électorale le PQ pourra promettre d’utiliser la clause nonobstant sans hésiter pour défendre les intérêts du Québec. S’il s’avère que cette promesse plait à l’opinion publique, le PQ pourra renchérir en promettant d’utiliser cette clause de façon préventive, pour tout et pour rien. Ca pourra attirer des votes de jeunes gens qui veulent tout simplement «  fourrer le système  ». Qui sait ? Ce sera peut-être une façon de tirer profit du cynisme ambiant.

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