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samedi, janvier 16, 2016

Un Lavallois tué par le groupe armé État islamique

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Publié le 16 janvier 2016 à 05h00 | Mis à jour à 07h45
Tahar Amer-Ouali, citoyen canadien d'origine algérienne, est l'une... (PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK)
PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

Tahar Amer-Ouali, citoyen canadien d'origine algérienne, est l'une des deux victimes de l'attentat survenu jeudi dernier à Jakarta.

Gabrielle Duchaine
Tahar Amer-Ouali, un Lavallois de 70 ans, est mort dans l'attentat terroriste mené jeudi à Jakarta en Indonésie, a appris La Presse. Celui qui avait cinq enfants et deux petits-enfants était un pionnier du domaine de l'audioprothèse et un alpiniste aguerri. Il est le premier Québécois tué à l'étranger dans un attentat relié au groupe armé État islamique (EI).
Jeudi matin, la réceptionniste du Centre auditif Amer-Ouali, rue Sainte-Catherine à Montréal, a accueilli son premier client en larmes. Elle venait d'apprendre que le fondateur de la petite entreprise familiale, son patron et ami, avait rendu l'âme à des milliers de kilomètres de chez lui dans des circonstances aussi violentes qu'inattendues.
Il était 10 h 30 en Indonésie lorsqu'une série d'attentats, plus tard revendiqués par l'EI, ont secoué le centre-ville de la capitale, faisant sept morts: cinq terroristes et deux victimes innocentes, ainsi que plusieurs blessés.
Tahar Amer-Ouali, citoyen canadien d'origine algérienne, est l'une de ces deux victimes, a confirmé à La Presse le consulat général d'Algérie à Montréal.
Depuis quelques années, poussé par son goût de l'aventure, raconte une amie, le septuagénaire dirigeait un centre d'audiologie à Jakarta.
«Il aimait tellement l'Indonésie qu'il a voulu y rester pour toujours», confie d'ailleurs sur Facebook Bushido Bintari, la fille d'une ex-conjointe du défunt qui réside elle-même en Indonésie.
Depuis 2011, le Lavallois partageait son temps entre Jakarta et le Québec, où résident ses enfants et ses petits-enfants.
Les attentats de cette semaine ont eu lieu à une quinzaine de minutes de marche de sa clinique, dans le quartier Pusat. M. Amer-Ouali est mort devant une succursale de la chaîne de cafés Starbucks, chaîne qu'il fréquentait régulièrement, selon son ancienne belle-fille. Son frère Mourad, 45 ans, qui était en visite d'Algérie, a été blessé lors de l'attaque.
La famille a appris la nouvelle jeudi. Vendredi, les enfants n'étaient pas prêts à accorder une entrevue. 
Alors que leur oncle passait sous le bistouri dans un hôpital indonésien, le corps de leur père attendait d'être rapatrié.
Un pionnier
M Amer-Ouali est bien connu dans le petit monde de l'audioprothèse québécois. Il a ouvert sa première clinique à Montréal il y a 38 ans, devenant du même coup l'un des premiers membres de l'Ordre des audioprothésistes du Québec, fondé quelques années plus tôt. Durant sa carrière, il a ouvert deux autres centres, l'un à Montréal, l'autre à Laval. Il a aussi été membre du conseil de discipline de son ordre professionnel.
«C'était un homme dévoué, agréable, souriant et très près des gens», se souvient la présidente de l'Ordre, Sophie Gagnon, qui l'a côtoyé. 
«Il n'hésitait pas à prendre des stagiaires à son centre.»
Le défunt avait le sens de la famille. Une de ses filles a repris l'entreprise. Un frère de Tahar y travaille également.
Quand il ne travaillait pas, M. Amer-Ouali grimpait. Il a notamment fait l'ascension du Kilimandjaro.
«Il allait souvent en excursion. Il aimait voyager hors des sentiers battus», se souvient Pierre Vallée, ancien président de l'Association des audioprothésistes, qui a bien connu la victime.
«Il m'est arrivé quelquefois de lui téléphoner pour lui poser une question et qu'il me réponde qu'il était sur telle ou telle montagne», raconte l'homme.
Lorsque M. Vallée et sa conjointe ont voulu visiter la Tunisie, c'est à leur ami Tahar qu'ils ont demandé conseil. «Il y était déjà allé. Il est venu nous rencontrer pour en parler. On se faisait confiance.»
Ceux qui l'ont côtoyé gardent le souvenir d'un homme «bon», «blagueur» et «ouvert sur le monde».