L’attaque ne visait pas à prendre la ville mais à y commettre un massacre. Quelques dizaines de jihadistes de l’Etat islamique (EI) ont lancé tôt ce jeudi matin un assaut-surprise sur Kobané, dans le nord de la Syrie. A la mi-journée, les combats se poursuivaient, y compris dans le centre, mais les forces kurdes du YPG (Unités de protection du peuple) avaient repris le contrôle de la situation, selon un démineur européen présent dans la ville. L’un de ses équipiers, un infirmier qui a participé à l’évacuation des blessés, affirme que plus de 100 personnes auraient été tuées. Ce bilan n’a pas été confirmé.
L’assaut a débuté à 4h30 ce jeudi lorsqu’un groupe de huit jihadistes s’est infiltré dans Kobané, au niveau du poste-frontière turc de Mursitpinar. A 5 heures, au même endroit, un kamikaze se faisait exploser au volant d’une voiture piégée. Quatre jihadistes ont ensuite pris position dans le bureau des douanes du poste-frontière tandis que d’autres s’emparaient d’une école, réhabilitée en hôpital par Médecins sans frontières (MSF). Selon des militants kurdes, les jihadistes seraient entrés dans Kobané depuis la Turquie. Les autorités turques ont démenti, affirmant avoir des preuves que les assaillants venaient de Jarablus, en Syrie.

DES UNIFORMES DE L'ARMÉE SYRIENNE LIBRE

Peu après l’assaut contre le poste-frontière, un autre groupe de membres de l’EI, vêtus d’uniformes de l’Armée syrienne libre (ASL), une formation rebelle sunnite alliée aux Kurdes à Kobané, a tenté de pénétrer dans la ville par le sud. Les forces du YPG les ont repoussés. Les jihadistes se seraient alors repliés vers le village d’Aisha, à 7 kilomètres au sud-est de Kobané. Entre midi et 13 heures, deux autres voitures piégées ont explosé à proximité du poste-frontière, d’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
L’attaque de l’EI de jeudi matin s’est doublée d’une autre sur un village proche, Barekh Boutane. D’après l’OSDH, 23 personnes, dont des femmes et des enfants, auraient été exécutées par les jihadistes avant que ces derniers ne soient chassés par les frappes aériennes de la coalition et des combattants kurdes envoyés en renfort.

UNE DIVERSION APRÈS LES DÉFAITES

Kobané est devenue en janvier dernier le symbole de la résistance kurde face à l’EI. Alors que les jihadistes avaient juré qu’ils en seraient les maîtres, envoyant des milliers de combattants et des armes lourdes, ils en ont finalement été chassés après quatre mois de combats. Plus d’un millier de jihadistes ont été tués lors des bombardements de la coalition et des affrontements contre les Kurdes et leurs alliés rebelles syriens. L’EI «cherche à semer la confusion pour venger sa défaite et pousser les Kurdes à la fuite», a affirmé un responsable de Kobané à l’Agence France Presse.
Les jihadistes de l’EI tentent aussi de créer une diversion après leurs récentes défaites dans le nord de la Syrie. Ils viennent de perdre, sans réellement combattre, les villes de Tall Abyad, à la frontière turque, et d’Aïn Issa. Les Kurdes et les rebelles de l’ASL ne sont désormais plus qu’à une cinquantaine de kilomètres de Raqqa, fief syrien de l’EI.