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vendredi, décembre 11, 2015

Deux familles d'Arméniens de Syrie serrent la main de deux premiers ministres

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Publié par La Presse Canadienne le vendredi 11 décembre 2015 à 04h04. Modifié par Charles Payette à 05h45.
Deux familles d'Arméniens de Syrie serrent la main de deux premiers ministres
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TORONTO - Une sortie d'enfer et une lourde histoire qui se répète. «Nous nous sentons comme si nous sommes sortis de l'enfer et nous sommes venus au paradis. C'est comme ça qu'on se sent.» Et Kevork Jamkossian rit en regardant sa femme et sa fillette de 16 mois.
Les deux premières familles de réfugiés syriens accueillies par le premier ministre Justin Trudeau et sa collègue ontarienne Kathleen Wynne à Toronto aux petites heures vendredi matin n'étaient pas trop fatiguées pour confier leurs premières impressions.
La petite famille a quitté Beyrouth jeudi matin à bord d'un avion militaire pour rejoindre le Canada. Huit mois plus tôt, elle avait quitté Alep. "Nous avons vu des choses..." Il ne finit pas sa phrase prononcée en arabe. Forgeron de métier, il devra apprendre l'anglais et se trouver du travail.

Sa conjointe, Georgina Zires, a un frère à Montréal. Mais c'est à Toronto qu'ils veulent s'établir.

Où se voient-ils dans cinq ans? Il ne sait que répondre. Sa réponse à elle est toute prête. "Vivre ici. Travailler, bien-sûr. Et nous installer. Et que ma fille grandisse, qu'elle étudie."

La petite Madeleine, fillette de 16 mois, les yeux grands ouverts malgré l'heure tardive, écoute avec attention sa maman. "C'était elle notre motivation pour venir ici parce que ici elle peut faire beaucoup de choses. Dans d'autres pays, elle ne peut rien faire", juge Mme Zires.

Pendant que les parents de Madeleine rêvent d'avenir, la famille de Vanig Garabedian réfléchit au passé.

Ils ont quitté la Syrie en août 2014.

"Pendant que nous faisions nos paquets, il y avait à la télévision un programme sur l'exode des Arméniens. Moi, je regardais ça et je lui disais (à sa femme) "après 100 ans, la même chose s'est répétée", se désole-t-il.

Le Dr Garabedian vivait aussi à Alep. Il y a 100 ans, son grand-père s'est réfugié en Syrie pour échapper au génocide arménien. "L'histoire se répète", souligne-t-il.

"Après exactement 100 ans, nous étions en train de fuir, nous", répète sa conjointe Anjilik Jaghlassian comme si elle avait encore de la difficulté à le croire.

Gynécologue, Dr Garabedian espère faire reconnaître ses diplômes et pratiquer la médecine à Toronto. Sa conjointe, technicienne de laboratoire, entend aussi reprendre sa carrière. La marche sera moins haute pour eux deux. Ils parlent tous deux anglais.

Au Liban, sans statut, ils disent qu'ils n'ont pas pu travailler et ont plutôt grugé leurs économies depuis 15 mois.

Si Madeleine, comme le lui faisait remarquer le premier ministre Trudeau, ne se souviendra pas de cette nuit, les trois filles du couple Garabedian, Lucie, Sylvie et Anna-Maria, âgées de 12 et 10 ans, ne sont pas prêtes d'oublier le soir où deux premiers ministres les ont aidées à enfiler trois manteaux mauves identiques.