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jeudi, septembre 10, 2015

Vers la fin des applaudissements partisans à l'Assemblée nationale

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Le temps où les députés québécois applaudissaient leurs collègues lors de la période de questions à l'Assemblée nationale est sur le point d'être révolu, si l'on en croit la volonté affichée jeudi matin par les leaders parlementaires des trois principaux partis.
L'affaire a été réglée en deux temps trois mouvements après que le nouveau leader parlementaire du Parti québécois, Bernard Drainville, eut annoncé son intention de convaincre ses homologues des autres partis d'appuyer une motion qu'il souhaitait déposer à ce sujet mardi prochain.
M. Drainville entendait également plaider auprès de ses collègues que la période de questions devrait commencer à l'heure prévue, soit à 10 h en matinée, et 14 h en après-midi. À l'heure actuelle, l'exercice commence le plus souvent avec plusieurs minutes de retard.
« Faut sortir de notre bulle parlementaire. Faut expliquer à nos concitoyens que les applaudissements contribuent à quelque chose qu'on veut changer. Faut inscrire ça dans une approche pour diminuer le cynisme, redonner confiance aux gens, répondre aux critiques. »— Bernard Drainville, leader parlementaire du Parti québécois


Dans un geste surprise, son homologue du Parti libéral, Jean-Marc Fournier, s'est invité à son point de presse pour lui signaler d'emblée qu'il était d'accord avec cette idée. « Ça c'est bon! », s'est exclamé M. Drainville lorsqu'il a vu M. Fournier s'approcher de lui, avant de lui serrer la main.
« Bernard m'a interpellé. J'écoutais ça à travers la caméra. Et je veux vous dire que nous partageons tout à fait ce point de vue que nos débats doivent être plus respectueux, qu'il y a certaines règles élémentaires qu'on devrait avoir suivi il y a déjà longtemps », a expliqué M. Fournier pour justifier son geste spontané.
« Commencer les travaux à l'heure, ça a l'air d'un détail, mais c'est déjà une mesure de discipline qu'on devrait se donner nous-mêmes. Cesser des applaudissements à tout moment nous semble aussi une façon de nous comporter avec un intérêt pour plus d'écoute. »— Jean-Marc Fournier, leader parlementaire du gouvernement

Questionné devant les journalistes par Bernard Drainville, M. Fournier a affirmé sans détour qu'il est « tout à fait d'accord » pour appuyer une motion à ce sujet, tout en soulignant qu'à son avis, il suffisait tout simplement de convaincre le président de l'Assemblée nationale d'appliquer les règles déjà écrites avec plus de fermeté.
« Je crois que non seulement on peut modifier le règlement pour dire ça, mais on peut réaffirmer en même temps que le règlement contient des dispositions qu'on doit respecter, et qu'on encourage le président à les respecter », a-t-il déclaré.
Sourire en coin, Bernard Drainville a fini par souligner à la blague que Jean-Marc Fournier était en train de « kidnapper [son] point de presse », ce qui a fait rire son homologue.
« Ça m'embête un peu, parce que ce n'est pas ce que je veux faire », a répondu M. Fournier du tac au tac. « Je veux simplement démontrer dans une image qu'il est possible d'offrir aux Québécois une Assemblée nationale où on aura nos différences - et les Québécois le souhaitent, parce que la démocratie en a besoin - mais qu'on est capable de les exprimer dans le respect. Et je trouve ça formidable ».
« On est capable de voter ça mardi? », a finalement lancé M. Drainville, alors que M. Fournier lui serrait la main avant de quitter. « Commençons mardi! La motion sera prête, mais on aura déjà testé la motion », a rétorqué le leader du gouvernement. « Pas de problème », a répondu Bernard Drainville. 
Le leader parlementaire de la CAQ, François Bonnardel, a mis moins d'une minute pour se présenter au même lutrin et donner son accord, tout en soulignant qu'une motion ne lui semblait pas nécessaire, étant donné les sujets d'importance que les élus doivent aborder.
« Je vous le dis tout de suite. On n'applaudira pas à partir de mardi prochain. »— François Bonnardel, leader parlementaire de la CAQ

« S'il y a une motion, on va l'appuyer. Mais on n'a pas besoin d'une motion pour dire on va arrêter le cynisme, on va arrêter d'applaudir », a ajouté M. Bonnardel, après avoir souligné qu'il avait envoyé une lettre au président de l'Assemblée nationale il y a deux semaines pour lui demander de mettre un terme aux applaudissements et de s'assurer que les travaux commencent à l'heure.
Bernard Drainville avait souligné dans son point de presse que sa démarche s'inscrivait dans un mouvement auquel participaient des élus de tous les partis politiques, en nommant les péquistes François Gendron et Sylvain Pagé, le libéral Gilles Ouimet, le caquiste Benoit Charette, et la porte-parole de Québec solidaire, Françoise David.