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samedi, août 01, 2015

Quoi retenir des années Harper?

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CA-JD_Garon
Voilà presque une décennie que Stephen Harper est à la tête du gouvernement fédéral. Au fil des ans, les décisions de son gouvernement ont profondément changé le paysage économique du pays. Pour ses politiques populaires, le gouvernement conservateur a souvent écarté des faits de son discours officiel. À la veille d’un déclenchement probable d’élections, voici quelques politiques économiques qu’on doit retenir et qui portent à réflexion.
1. La baisse de taxes et d’impôts
Le Parti conservateur a mis les baisses de taxes et d’impôts au cœur de ses priorités. Pendant la campagne électorale de 2006, Stephen Harper promet de faire passer la TPS de 7 % à 5 %. La popularité de cette promesse électorale tient au fait que les taxes de vente sont très visibles pour les consommateurs. Cependant, beaucoup d’économistes considèrent qu’elles causent moins de distorsions à notre économie que d’autres types de taxes, comme l’impôt sur le revenu des particuliers. Le gouvernement aurait peut-être donc dû maintenir la TPS à 7 %.
2. La guerre aux faits
La Constitution du Canada oblige le gouvernement fédéral à tenir un recensement tous les cinq ans. Le gouvernement Harper ne pouvait pas l’abolir, mais il a pris les grands moyens pour l’écorcher. Il a raccourci le questionnaire et a aboli l’obligation légale d’y répondre. Il a aussi diminué le financement de Statistique Canada, l’agence qui en est responsable. Désormais, le gouvernement fédéral prendra ses décisions économiques la tête dans un épais brouillard scientifique.
3. Le fractionnement du revenu
Pour un couple, le fractionnement du revenu permet à celui qui gagne le plus de transférer du revenu imposable à l’autre. Puisque l’impôt est progressif, le couple paie ainsi moins d’impôt. Attirante à première vue, cette baisse d’impôt a plusieurs travers. C’est pourquoi les économistes l’affectionnent peu, tout comme l’ancien ministre des Finances Jim Flaherty. Le fractionnement décourage le travail des femmes, avantage souvent les familles au revenu élevé et ne s’applique pas aux aînés ou aux couples sans enfants. Cette année, il coûtera 2 milliards à un budget fédéral déficitaire.
4. Le CELI et les FERR
Le gouvernement Harper a non seulement créé le compte d’épargne libre d’impôt (CELI), mais il en a augmenté le plafond au dernier budget fédéral. À partir de maintenant, vous pourrez faire fructifier 10 000 $ par année à l’abri de l’impôt. L’augmentation du plafond est régressive, puisque seulement les ménages relativement riches pourront mettre cet argent de côté. Par ailleurs, le gouvernement fédéral se prive d’importants revenus dans le futur. Mais l’opération est politiquement payante dans l’immédiat, puisque ces pertes ne figurent pas au budget fédéral de cette année.
Les nouvelles règles pour les Fonds enregistrés de revenu de retraite (FERR) ont des conséquences similaires pour le gouvernement fédéral. À partir de cette année, les retraités qui ont accumulé beaucoup d’argent dans leur REER et qui n’ont pas immédiatement besoin de ces liquidités pourront étirer et diminuer leurs paiements d’impôts. C’est que le gouvernement diminue les montants des retraits obligatoires.
Encore une fois, le gouvernement fédéral se privera d’importants revenus dans le futur.
Et les retraités les plus pauvres, qui ont besoin de leurs REER rapidement, sont laissés pour compte.