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samedi, juillet 04, 2015

Ah, ce fameux jupon !

http://vigile.quebec/


vendredi 3 juillet

On dit que la politique n’intéresse plus personne, mais les boîtes de courriel des journalistes et les réseaux sociaux prouvent le contraire.
Ça, c’est la bonne nouvelle. Mais cela cache aussi un côté sombre beaucoup moins intéressant.
Je lis tous les courriels que je reçois, mais je réponds rarement. Manque de temps. Excuse plate, je sais, mais c’est la plate réalité.
En fait, je vais vous faire une confidence (ça vous évitera de perdre votre temps si vous vous reconnaissez dans ce qui suit) : je ne lis pas tous les courriels. Je saute systématiquement ceux qui commencent par « On sait ben, vous chez Gesca… » ou « Vous n’êtes pas objectif » (drôle de chose à dire à un chroniqueur !) ou « Vous êtes tous fédéralistes à la solde de Power à La Presse », quand ce n’est pas « Vous, les journalistes, tous des gauchistes… », « des séparatistes contrôlés par le PQ… » ou « des gras dur syndiqués ».
Sans oublier le proverbial « jupon qui dépasse », LE classique dans les procès d’intention.
Parfois, le même jour, après la parution d’une chronique ou d’un gazouillis sur Twitter, je me retrouve avec une collection de jupons à faire rougir Fanfreluche, et dans une diversité de couleurs à faire pâlir d’envie un arc-en-ciel. Si je m’arrêtais vraiment à tout ce qu’on dit de mes « allégeances » politiques, de mes partis pris et, surtout, de mes innombrables jupons, il y a longtemps que je me serais précipité chez un psychiatre pour faire soigner une grave schizophrénie politique.
On appelle cela des procès d’intention, mais dans le fond, on ne fait pas de procès, on va directement à la condamnation. Devant le tribunal partisan, vous êtes coupable de facto des intentions qu’on vous prête. Même si celles-ci sont réductrices, absurdes ou même totalement fausses. À quoi bon discuter, alors ?
Le problème est là : la partisanerie. J’ai le plus grand respect pour les gens qui militent dans un parti politique, qui s’impliquent dans un mouvement ou pour une option. Je décroche toutefois lorsqu’ils sombrent dans la partisanerie.
La partisanerie, c’est la lobotomie du militantisme : vous perdez votre sens critique, votre libre arbitre, vous vous mettez à répéter des lieux communs, des légendes urbaines et des sophismes. Après quelque temps, vous rejoignez les rangs des adeptes de la théorie du complot, vous confondez arguments et insultes, vous finissez par vous conforter en ne parlant qu’à un petit groupe de gens qui pensent comme vous et avec qui vous passez vos soirées à vous crinquer sur les réseaux « sociaux », comme les membres d’une secte apocalyptique se convainquent chaque jour que la fin du monde est pour demain matin.
Comprenez-moi bien : vous avez tout à fait le droit de ne pas être d’accord avec moi, et je vous encourage à me le faire savoir, mais le dialogue est vain lorsque la partisanerie remplace le jugement.
Le jupon que vous croyez voir dépasser sous la jupe de ceux que vous accusez n’est en réalité que le bandeau qui obstrue votre vue.
Sur la scène provinciale, on note une recrudescence de la partisanerie primaire chez certains souverainistes depuis l’arrivée de leur nouveau chef, Pierre Karl Péladeau. PKP lui-même s’adonne régulièrement à la théorie du complot 
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