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mercredi, mai 13, 2015

PQ, qui es-tu ?

http://www.journaldemontreal.com/

Joseph Facal
C’est aujourd’hui que les membres du Parti québécois commencent à voter pour se choisir un nouveau chef.
Dieu merci, cette interminable course dépourvue du moindre suspense est terminée. Les choses sérieuses commenceront lundi prochain.
Il faudrait un très gros livre pour faire le tour des problèmes qui affligent le PQ et des défis qui attendent M. Péladeau. Il n’a pas choisi la facilité et n’avait sûrement pas besoin de ça.
Clarté
Sa première cible: les électeurs de la CAQ, sans lesquels un retour au pouvoir du PQ à la tête d’un gouvernement majoritaire est difficilement concevable tant la démographie favorise les libéraux.
Sa seconde cible: les jeunes, qu’il faudra aller chercher sans les racoler avec cette insignifiante poutine multiculturaliste postnationale et bien-pensante, devenue chez eux un réflexe conditionné qu’ils confondent avec une pensée.
Bien avant certains souverainistes, ses propagandistes ont compris qu’elle était une véritable arme de destruction massive de l’identité nationale et de la cause souverainiste.
M. Péladeau sera un chef avec une trajectoire et des idées tout à fait différentes de tous les chefs qui l’ont précédé. Il sera fascinant de voir jusqu’où les membres le laisseront imprimer sa propre marque sur ce parti.
Par-dessus tout, le PQ a désespérément besoin de retrouver une identité claire. Il doit savoir de nouveau qui il est, ce qu’il veut et s’y tenir.
Une évidence, me direz-vous. Pas du tout.
Tantôt, on dit vouloir foncer vers un référendum. Puis, on met les freins. Après, c’est peut-être que oui, peut-être que non.
Un jour, on est pour le nationalisme civique. Le lendemain, on est pour le nationalisme culturel. Puis, on n’est plus trop sûr. Puis, on veut revenir en arrière, mais non, c’est pour mieux repartir.
Un jour, on est pour le développement économique. Le lendemain, on est pour le partage de la richesse. Un jour, on est «lucide». Le lendemain, on est «solidaire».
Un jour, on est pour le dégel des droits de scolarité. Le lendemain, on est contre. Le surlendemain, on dit qu’on va y réfléchir de nouveau. Et je pourrais multiplier les exemples.
Sens
Ce parti se cherche depuis longtemps. Les Québécois le voient bien. Qui est attiré par les gens totalement mêlés?
Sur des dossiers précis, il est normal qu’un parti s’ajuste, voire qu’il change son fusil d’épaule. Mais sur les grandes orientations, celles qui fondent son identité et son positionnement de base, il faut être clair, net et constant.
Prenez le Parti libéral. Il est radicalement opportuniste sur à peu près tout, mais sur l’essentiel, son ADN est immuable: il est fédéraliste, collé au milieu d’affaires et au service des minorités ethniques.
Les libéraux savent qui ils sont et à quoi ils servent.
Le PQ, lui, fait penser au gars saoul qui titube, qui ne sait plus où il a stationné son auto et qui, dans son esprit embrouillé, prépare déjà les excuses qu’il servira à sa femme.
Redonner sens et cohérence au PQ, voilà le plus grand service que M. Péladeau pourrait lui rendre. C’est aussi une condition préalable à tout progrès sur le front de la souveraineté.