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mercredi, mai 27, 2015

PKP accuse les libéraux de harcèlement; Drainville parle de leur imbécilité

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Publié par La Presse Canadienne le mercredi 27 mai 2015 à 16h18. Modifié par Danielle Arsenault à 17h33.
PKP accuse les libéraux de harcèlement; Drainville parle de leur imbécilité
QUÉBEC - Le chef péquiste Pierre Karl Péladeau a accusé mercredi les libéraux de faire preuve de harcèlement envers lui en faisant un rapprochement entre les frais de recouvrement d'Hydro-Québec et ceux de Vidéotron.
M. Péladeau a fait cette observation à la suite d'une réponse du ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand, qui a esquivé une question du Parti québécois en faisant référence à Vidéotron, une filiale de Québecor, le conglomérat dont M. Péladeau est actionnaire de contrôle.

Après avoir mis ses adversaires en garde, lundi, contre la tentation d'instrumentaliser sa situation à des fins politiques, M. Péladeau a considéré la réponse de M. Arcand, en Chambre, comme un exemple de cette stratégie dirigée contre lui.

«On vient encore une fois d'en faire la démonstration, a-t-il dit. Quelle est la nature du rapprochement entre Hydro-Québec et Vidéotron? Si j'appelle ça du harcèlement ou de l'intimidation, on utilise toutes sortes de termes, parce qu'on est en contradiction, ou en contrariété, on est rendu à faire de l'intimidation.»

Selon M. Péladeau, qui a rencontré la presse alors qu'il fait campagne dans la circonscription de Chauveau en prévision d'une élection partielle, ce sera ultimement à la population de formuler un jugement sur la stratégie des libéraux, en Chambre ainsi qu'en commission parlementaire.

«Je pense qu'il y a des conséquences politiques, a-t-il dit. Il va y avoir ce qu'on pourrait considérer du harcèlement et puis ce sera à la population, le cas échéant, de déterminer s'il y en a trop ou s'il n'y en a pas assez. C'est eux qui détermineront, à la fin de cet exercice, et j'écoute et j'entends plusieurs commentateurs, c'est le suffrage universel qui va être celui qui va déterminer de façon définitive.»

M. Péladeau s'est montré du même avis que le commissaire à l'éthique Jacques Saint-Laurent, qui a constaté mardi que le chef péquiste était dans une situation exceptionnelle en raison de ses actifs.

«C'est une situation exceptionnelle, mais ce n'est pas une situation surprenante ou une surprise, a-t-il dit. Lorsque je me suis présenté à Saint-Jérôme, les électeurs savaient fort bien qui j'étais et lorsque les militants du PQ ont décidé de m'offrir le privilège d'être chef, ils le savaient également.»

Alors que M. Saint-Laurent a évoqué des limites à recourir à une fiducie sans droit de regard pour se prémunir des apparences de conflits d'intérêts, M. Péladeau a répété qu'il juge le dispositif adéquat pour sa situation.

Le chef péquiste a rappelé qu'il effectue en ce moment les démarches pour constituer sa fiducie, une décision volontaire compte tenu que seuls les membres du conseil des ministres sont tenus de respecter cette exigence.

«J'ai mentionné que je mettrais mes actions en fiducie, c'est le régime actuel et c'était le régime au moment où je me suis présenté en politique et il en reviendra aux parlementaires, le cas échéant, à déterminer si oui ou non, il y a autre chose», a-t-il dit.

M. Péladeau a répété, mercredi, que le siège social de Québecor déménagerait probablement du Québec si jamais il est forcé de vendre ses actions, une option qu'il rejette.

Le député péquiste Bernard Drainville, qui a posé la question des frais de recouvrement à M. Arcand, a déclaré que les libéraux illustraient ainsi leur manque de jugement car les abonnés d'Hydro-Québec n'ont d'autre choix que de recourir aux services du monopole public.

«Ça dit quelque chose sur l'imbécilité des libéraux, a-t-il dit avant un caucus péquiste. Comparer une entreprise privée qui doit vivre avec d'autres entreprises privées concurrentes et un monopole comme Hydro-Québec qui donne un service essentiel, ça n'a pas rapport.»

M. Drainville a invité M. Arcand à s'intéresser davantage aux conditions imposées aux abonnés de la société d'État qui doivent payer un taux d'intérêt de 14,4 pour cent sur leur solde impayé.

«Le ministre, plutôt que de faire de la petite politique, un peu obsessive d'ailleurs sur le dos de PKP, j'aimerais ça qu'il défende les consommateurs, le monde qui doit payer des taux d'intérêt presque usuraire, ça n'a pas de bon sens, a-t-il dit. Le taux des banques pour les entreprises privées est de moins de 3 pour cent.»

En Chambre, M. Arcand a affirmé que les taux pratiqués par la société d'État, approuvés par la Régie de l'énergie, étaient comparables à ce qui est «admis dans les affaires de façon générale».

«Je dois vous dire que le député de Marie-Victorin me parle de, quoi, 14 pour cent? On vient de me donner l'information: dans le cas de Vidéotron, quand les clients sont en retard, c'est 19,56 pour cent», a-t-il dit.

Lors d'un point de presse après la période des questions, le chef caquiste François Legault a estimé que les libéraux n'ont pas à prendre position contre une entreprise privée.

«C'était un peu déplacé de la part du gouvernement Couillard d'indirectement faire la promotion de Bell finalement, a-t-il dit. Parce que, ce qu'on laisse entendre, c'est que si vous faites affaire avec Bell au lieu de Vidéotron, ça va vous coûter moins cher d'intérêt.»

Mercredi après-midi, Vidéotron a diffusé un communiqué de presse pour préciser que ses taux d'intérêt sont moins élevés que ceux de ses principaux concurrents.

«À la suite d'un échange survenu ce matin lors de la période de questions à l'Assemblée nationale, Vidéotron tient à rétablir les faits au sujet des taux d'intérêt exigés sur les comptes des clients en défaut de paiement ou les comptes en souffrance, s'affichant comme le plus bas de l'industrie des télécommunications au Québec», a indiqué l'entreprise.

Selon Vidéotron, qui a confirmé son taux à 19,56 pour cent, le taux demandé par Bell est de 3 pour cent par mois, soit 42,58 pour cent par année, tandis que Telus, Rogers, Cogeco et Shaw exigent 2 pour cent par mois, soit 26,82 pour cent par année.