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jeudi, mars 26, 2015

Tant de sueur

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Mario Dumont
Jeudi après-midi peu après 16 h, notre ministre des Finances va annoncer que le budget qu’il dépose est équilibré. Moment d’émotion: le Québec n’aura pas besoin d’emprunter pour financer ses dépenses courantes, contrairement aux dernières années. Pour apprécier l’importance du moment, je me permets de rappeler l’ampleur des efforts qui ont été nécessaires pour y arriver.
D’abord, le ministre Raymond Bachand, à l’ère Charest, avait donné un coup de bélier du côté des revenus. Hausse de deux points de la TVQ, nouvelle contribution santé, taxe sur l’essence relevée en plus d’autres hausses de tarifs comme l’électricité... et les frais de scolarité. Vous vous souvenez d’un printemps de manifestations étudiantes mémorables.
Il faut se pincer pour croire aux difficultés, aux sacrifices et au temps qu’il faut pour éliminer un déficit
Puis, le PQ a pris les commandes. Pauline Marois et Nicolas Marceau ont d’abord gardé le cap courageusement sur un retour au déficit zéro lors du budget 2013-14. Ils ont bûché dur pour garder le contrôle sur les dépenses. Même Agnès Maltais a subi les foudres de ses alliés des groupes communautaires pour des coupes à l’aide sociale.
Après un peu plus d’un an au pouvoir, le gouvernement péquiste a baissé les bras et reporté de deux ans le retour à l’équilibre, ne voyant pas comment il pouvait y arriver en situation minoritaire. Puis les libéraux sont revenus au pouvoir.
Austérité !
Dès son élection, Philippe Couillard met en priorité l’élimination du déficit. Un nouveau psychodrame s’amorce alors: l’austérité. Nous macérons là-dedans depuis un an. Chaque année, nos gouvernements ont trouvé quelques moyens imaginatifs pour en soutirer un peu plus dans la poche de contribuables déjà lessivés. C’est notamment par le truchement des taxes scolaires qu’on a saigné encore nos portefeuilles tout en jurant ne pas le faire.
Je décris le parcours infiniment complexe de l’élimination du déficit surtout pour le comparer avec le chemin inverse. Comment étions-nous retombés en déficit? Dans les années 2000, le budget était équilibré. Mais dès qu’une crise financière a frappé, le Québec est replongé instantanément de 5 milliards dans le rouge.
Si fragile
Il faut se pincer pour croire aux difficultés, aux sacrifices et au temps qu’il faut pour éliminer un déficit qui se creuse en criant ciseau. On tombe en déficit comme on déboule un escalier, puis on sue des années pour remonter.
Il faut rappeler que nous nous sommes donné un filet social, lequel inclut plusieurs programmes qui ressentent vite l’impact d’un ralentissement économique. L’aide sociale n’est pas un programme avec une enveloppe limitée. Il y a des critères et si plus de gens perdent leur emploi et vivent une détérioration de leur situation économique, ils auront tous le droit à cette aide de dernier recours, quelle que soit la facture. Plusieurs autres programmes fonctionnent sur le même modèle.
En période de crise économique, les gouvernements vivent donc une pression sur leurs programmes sociaux en plus d’accentuer les dépenses publiques dans le but d’aider la relance.
Nous arrivons à l’équilibre budgétaire. Bravo! Toutefois, la prudence et la rigueur restent de mise face aux demandes infinies qui afflueront maintenant.